Scène 1 : La nuit porte conseil.
Sombre, froide. Voilà ce qu'est la nuit dans le désert. Ou du moins, c'est ainsi que la perçoivent les populations étrangères à ce lieu. En réalité, il en est tout autre, mais rares sont ceux pour s'en rendre compte. La nuit du désert est le moment où ce dernier reprend vie. L'air se refroidit, permettant ainsi à la faune locale de sortir, à la recherche de nourriture. Ainsi, l'immensité aride est alors emplie de bruits dont l'origine restera toujours un mystère. Le sable d'or brûlant la journée devient alors une étendue azur, une mer sèche, pailletée de grains argentés sous la clarté lunaire. On y voit tout, presque comme en plein jour. On peut y voir n'importe qui arriver de loin, les gros animaux chasser les petites bêtes. Malgré cette vie, tout y reste calme. Quand quelque chose d'inhabituel survient, alors s'arrêtent les petits bruits et tout revient au silence macabre que l'on peut apprécier en journée.
Une silhouette s'avançait sur cet océan d'argile, faisant crisser sous ses pas le sol meuble. Pas très haute, elle sortait du village, un capuchon couleur du sable lui couvrant le visage et la partie supérieure du corps. Arrivée à bonne distance de la forteresse, elle s'arrêta, nette. Elle posa ce qui ressemblait à un sac de haillons qui fit un bruit de métal s'entrechoquant en touchant le parterre et ôta ce capuchon. C'était une jeune fille aux cheveux noirs en bataille, ayant une peau très pâle, n'ayant pas l'air d'être âgée de plus de douze ans, à en juger par sa taille. En s'en approchant un peu, on voit ce qui est en réalité. C'était une jeune fille aux formes peu développées, mais existantes quand même. L'expression sur son visage ne possédait aucune candeur. Elle semblait même plutôt dure.
Sombre et froide, c'est aussi comme ça qu'était perçue Kyouran. Aujourd'hui, Kyouran avait fêté ses quinze ans, mais personne n'avait été là pour se rendre compte du fait, personne ne le savait. Aussi, qui pouvait bien avoir à en faire quoi que ce soit. Pourtant, Kyouran n'était pas seulement ce que présageait son prénom. Ou du moins, elle n'y correspondait pas toujours. L'on a toujours tendance à regarder les gens avec leurs apparences, mais c'est un grave erreur. Kyouran était bien plus qu'une apparence, au même titre que n'importe quel être humain. Comme tous, elle avait ses faiblesses de caractère, ses peurs, ses traumatismes. Et comme tous, aussi, elle avait ses qualités, sa personnalité et ses goûts. Bien sûr, on avait plutôt tendance à constater ses défauts, mais il fallait le dire : elle avait plutôt bon cœur.
Poursuivons. Elle s'assit sur le sol, comme s'il s'agissait du parquet de son appartement – les appartements de Suna n'ont pas de parquets, parce que le bois sec brûle facilement à trop forte chaleur, même si ceux-ci sont équipés de la climatisation - , pris appuis sur ses bras nus et mécaniques, ferma les yeux et savoura cet instant de calme et de paix. Les bruits du désert reprirent peu à peu leur concert, et elle sourit de la quiétude l'entourant. Il n'y avait vraiment qu'ici, loin de tous, dans ce lieu hostile, qu'elle se sentait vraiment chez elle. Elle rouvrit les yeux et observa la lune, comme pour y déceler un quelconque signe qu'elle aurait à lui offrir. Durant toute la nuit, Kyouran avait dansé la guerre pour elle. Elle s'était entraîné dur pour acquérir de nouvelles techniques, mais n'avait plus de mal maintenant qu'elle maîtrisait parfaitement la nature élémentaire de son chakra de vent. Elle referma les yeux, la brise du désert siffla à son oreilles, légère.
Scène 2 : Les toits de Suna.
A peine dix minutes avant son arrivée, Kyouran était encore en train de s'entraîner. Et ce, depuis le coucher du soleil. Depuis toujours, même avant son arrivée à Suna, aussi loin que puissent remonter ses souvenirs, elle avait toujours eu du mal à s'intégrer et à apprécier la compagnie d'autres humanoïdes. La jeune femme n'aspirait qu'à une chose, la paix et la puissance, pour protéger le fragile équilibre qui lui tenait à cœur.
C'était le début de l'été. En cette période, la chaleur va montante, à l'image d'un soleil radieux, les journées s'allongent, et la chaleur augmente toujours. Enfin, l'apaisement arrive avec la nuit et c'est le moment de la journée où chacun peut enfin respirer l'air frais. La lune se déplace sur la voute céleste, et le gel arrive. Quand Kyouran était arrivée, cette même lune était déjà haute dans le ciel, chose tout à fait normale au coucher de soleil en cette saison. Elle admira sa beauté pâle longuement. Elle n'était habillée que d'un haut à col roulé noir, sans manches et d'un pantacourt assortis. Ses membres sans vie ne pouvaient plus ressentir le froid depuis longtemps. De là où elle se trouvait, elle pouvait tout voir : les dernières activités du village avant le couvre feu, la fermeture des boutiques, ceux sur le terrain d'entraînement qui s'apprêtaient à rentrer chez eux. La vie se mourait pour laisser place à une autre forme de vie. Celle de la nuit, indécelable, mystérieuse et parfois meurtrière.
La jeune femme posa ses affaires à ses pieds. Elle était postée sur un toit plat au sommet d'un immeuble assez large. Elle avait perdu l'habitude d'aller s'entraîner au terrain prévu à cet effet, pour plutôt s'intéresser à un environnement plus complexe. Un endroit où il ne fallait rien détruire, comme si tout n'était que de porcelaine. C'est vrai que face à une attaque de ninjutsu, il serait difficile pour quel qu'immeuble qu'il soit de tenir encore debout par la suite.
Elle s'échauffa et calma son rythme cardiaque à la fois rapidement et efficacement. Depuis le temps qu'elle y était habituée, ce n'était qu'une formalité que d'être calme. C'était dans sa nature, et probablement dans son sang. Mais jamais elle ne le saurait, puisque jamais elle n'aurait de véritable famille. Elle soupira, puis chassa tout sentiment de son âme. Elle ferma les yeux, se baignant dans l'obscurité caressante. Qu'il était bon de se sentir tranquille, loin des regards indiscrets, loin de tout imbécile prêt à foutre à l'eau son entraînement. Elle approcha ses mains l'une de l'autre. Elle connaissait les signes qu'elle composa avec virtuosité, sans aucune hésitation. Cela faisait trois jours qu'elle essayait de reproduire ce jutsu, sans toutefois y parvenir. C'était aujourd'hui le quatrième jour, elle se devait de réussir. Elle tendit le bras face à elle et concentra son chakra dans sa main, puis dans ses doigts. Elle se concentra d'avantage. A lame faisait maintenant dix bons centimètres. Elle tenta de la rendre encore plus longue, mais s'arrêta, à bout de forces. Elle s'accroupit, haletante. Ce n'était décidément pas la mer à boire.
Elle calma encore son corps chétif une seconde fois et se releva. Cette fois serait la bonne. Elle recommença les mêmes actions que précédemment. La lame grandissait à vue d'œil. Elle atteignit bientôt aussi dix centimètres. Kyouran maintenait le coup, tenant son bras droit, effectuant la technique, avec sa main gauche. Son épaule se faisait lourde. Elle grimaça sous la douleur que lui imposait cet apprentissage, mais tenait bon. La lame s'allongeait lentement. Bientôt, elle atteint une longueur raisonnable, et Kyouran lâcha prise. Voilà une bonne chose de faite. La forme était donnée. Maintenant, il ne fallait plus que s'en servir. Le souffle rauque, elle sourit. Elle fixa sa main tremblante, et rigola. Comment une main non humaine pouvait-elle trembler ? C'était quand même une chose amusante. Elle se reposa quelques minutes, sous la lumière bleuté de l'astre nocturne et retourna travailler.
Cette fois, elle pris son sabre, ça faisait plus d'une semaine qu'elle tentait de compléter cet enchaînement, sans y parvenir. Elle avait tout vérifier. Sa position était parfaite, celle de ses pieds aussi, celle de sa main de même. Alors comment se faisait-il qu'elle n'arrivait pas à produire ce qu'elle voulait... Elle dégaina sas deux sabres. Le « Blanc » dans la main gauche et le « Noir » dans a droite. Elle les regarda avec nostalgie. Elle se souvint de ce jour où ils lui avaient été offerts.
Scène 3 : Tuer pour vivre, vivre pour tuer.
Son maître était absent depuis maintenant plus d'une semaine. La petite fille regardait à la fenêtre les gouttes de pluie s'écrasant comme des insectes à la fenêtre d'un de leurs repères. Ca faisait aussi plusieurs jours que les averses battaient les falaises. Bientôt les vivres allaient manquer si il ne revenait pas où si elle ne pouvait pas avoir accès au potager. Kyouran détestait la pluie. Une chose qu'elle trouvait froide et irritante. Chaque goutte d'eau était une goutte de glace, coupante, tranchante, blessante. Quelque chose qui faisait mal, donc quelque chose de détestable. Elle descendit du tabouret qu'elle avait placé devant la vitre pour guetter le retour de son maître et s'installa à la table où elle entama un livre. A peine quelques minutes s'était écoulées qu'elle sauta de la chaise avec agilité, et posa le livre. Déjà lassée. Ce livre, ça faisait six jours qu'elle 'avait finit et qu'elle le relisait. Tous les autres livres se trouvant ici, elle les avait aussi lus. Toutefois, elle se dirigea vers la petite étagère poussiéreuse à la recherche d'un quelconque ouvrage qui pourrait l'intéresser. Chose vaine, puisque c'est à ce moment que retentis le son caractéristique du verrous. Il était de retour. Elle le salua sans sourire, sans laisser pointer la moindre émotion. Pourtant, au fond d'elle, elle était contente qu'il soit de retour. Et ce, juste avant le déjeuner. Le vieil homme ne fit pas plus de bruit. Il fit cuire du riz patiemment, dressa la table, servit les bols et invita la fillette silencieusement à prendre part au festin de fortune. Ils finirent leur bol, ne faisant aucun bruit avec leurs baguettes, Kyouran lui lançant quelques regards furtifs, en espérant qu'il lui fasse une remarque ou soit tout simplement gentil. Mais rien ne se fit. Il débarrassa les couverts, fit la vaisselle, donna le reste de riz au chat habitant la bâtisse en leur compagnie et s'installa en tailleur sur une natte. Il fit signe à Kyouran de s'approcher et de s'installer en face de lui, toujours sans un mot. C'était le royaume du silence.
Mais dans un monde où rien n'est fait pour durer, il fallait bien que quelqu'un brise ce monde imaginaire du non-bruit.
« Demain, je t'emmène avec moi, à la ville. »
La fillette n'émit pas un son, son visage n'exprima rien, comme s'il était fait des mêmes matériaux que ses membres, à cet âge là déjà synthétiques. Elle se contenta simplement d'acquiescer. Il continua :
« J'ai contacté un ami de longue date, il te forgera un sabre. Tu ne t'en séparera jamais à partir de cet instant. Tu prépareras aussi suffisamment d'affaires pour une semaine ou deux.»
Elle ne dit rien, restant blême, figée comme une statue d'argile. Elle ne savait pas vraiment ce qu'elle était. Pour elle, c'était d'autant plus difficile que pour n'importe quel enfant, puisque jamais elle n'eut d'éducation normale. Elle ne savait pas ce que c'était ressentir. A part pour la douleur et l'attente. C'était ce qu'elle connaissait e mieux. Les seules choses qu'elle connaissait. Elle se releva, salua le vieillard par le geste et s'installa sur sa couche, pour dormir. Elle avait sept ans et cela faisait un an qu'elle portait ces membres qui remplaceraient à jamais ceux qui n'avaient pas sut tenir. C'était dur, au départ, de ne plus avoir de sensation, de ne plus pouvoir contrôler une force quasiment illimitée. En plus, ces choses étaient particulièrement lourdes, puisqu'elles étaient truffées de pièges dont Kyouran connaissait parfaitement l'utilité. Elle savait ce à quoi elle était destinée. Elle savait que ce faux père était rongé par un mal qui ne guérirait jamais. Elle ferma les yeux. Le vieillard toussa dans la clarté morne de la lanterne qu'il éteignit aussitôt.
Le lendemain, ils se levèrent tôt, n'échangeant aucun mot, comme le voulaient leurs habitudes, se préparant chacun de son côté à partir. Kyouran prépara une besace beige, déjà raccommodée de part en part, elle y mit deux tenues de change, une veste coupe-vent, une carte, une boussole et quelques vivres. Elle enfila son poncho qui, à cette époque, était encore en un seul morceau et accrocha à sa ceinture un poignard. Elle s'apprêtait à sortir, quand son « père » l'arrêta, lui montrant ses bras du doigt. Elle baissa la tête, penaude et retourna à l'intérieur enfiler des gants qui cacheraient sa part d'humanité manquante. Enfin, ils entamèrent la route.
La ville était loin. Et cela faisait quatre jours qu'ils marchaient sans freiner le pas ou se parler, sauf pour le sommeil et les fonctions digestives. Mais ces quatre jours de marche intensive furent comblés par l'apparition qu'ils aperçurent entre les arbres. Ce n'était pas vraiment une ville, c'était plutôt un petit village. Les artisans travaillaient dehors, sous les rayons frappants du soleil, eux-mêmes tapant sur leur ouvrage. Kyouran fut intriguée par un certain homme qui frappait des morceaux de cuir et les assemblaient, pour après former des chaussures. C'était vraiment un travail de précision que la découpe de la peau tannée, la couture, le cirage, le fait de rendre le cuir rigide ou souple... Elle le regarda faire durant quelques minutes, mais fut interrompue par son maître qui l'avait appelé d'une autre échoppe sentant la terre ferreuse brûlé et la rouille. Elle rejoignit son maître et l'artisan. Tous deux parlaient, mais elle ne les écoutait pas. Quelque chose dans l'atelier était bien plus intéressant que ce que ces deux énergumènes avaient à se dire. Elle entra, sans demander autorisation et observa un à un les lames accrochées au mur du fond. Chacune était différente, possédant chacune leurs qualités et leurs défauts. Elle voulu empoigner un katana de couleur noire, mais fut tout de suite interpellée de façon agressive par l'artiste.
« Ne touche pas à ça ! Cette lame ne t'es pas destinée. J'ai déjà quelque chose d'autre pour toi ! »
Elle le regarda, l'air intriguée. Il se posta derrière le bureau, se baissa et fouilla dans un fourbis monstre sous celui-ci. Il remonta finalement à la surface, avec en main, un petit katana court – un wakizashi est plus petit qu'un katana – au fourreau noir, dont le pommeau était blanc. Il le dégaina.
« Ceci, c'est Shiro. Tu ne dois pas tuer avec, sa lame devra rester blanche à jamais. Il sera porteur de mort, mais ne devra jamais toucher ton adversaire. En revanche, il peut arrêter n'importe quelle attaque si tu apprends à t'en servir à bon escient. »
Il se dirigea vers l'arrière boutique et revint avec un katana plus haut que la jeune fille qu'il dégaina à son tour. Ce sabre n'avait pas de garde, le pommeau était lisse et noir, comme la lame, le fourreau était aussi noir, orné à l'intérieur du creux de l'emblème de celui qui l'avait forgé.
« Ceci, c'est Kuro, le sabre qui maudit. Il va de paire avec Shiro. Il ne peux pas défendre, mais peut frapper n'importe qui avec la vitesse du vent. Il tuera net, sans souffrance. Sa lame et plus fine qu'une aiguille. »
Il s'arrêta, rengaina les deux armes et les lui tendit.
« Maintenant, ils sont à toi. J'espère qu'un jour, tu apprendras à t'en servir correctement et pour une cause que tu considéreras comme juste. Tu ne dois pas agir pour autrui. Si tu tues par simple plaisir ou avarice, tu en subiras les conséquences, et tu ne pourras pas suivre la voie de ton sabre. Ce sont des lames solides et équilibrées, mais dans les mains d'un novice, elle ne sont que des jouets. Tu es jeune, tu peux encore tracer ton chemin. »
Elle acquiesça. Bien sûr, elle ne comprenait rien aux paroles de ce vieux fou, elle était trop jeune. Elle pris les deux armes dans les bras avec le soin que lui permettait sa taille et rejoignit son maître. Pour la première fois, elle lui sourit sincèrement. Un geste qui fut récompensé en retour par un autre sourire. Le vieil homme posa sa main sur la tête de la fillette et lui ébouriffa les cheveux, noirs pur, encore courts. Il entra à son tour dans l'échoppe où il paya l'artisan et acheta une sangle pour que Kyouran puisse porter les sabres. Il les lui attacha dans le dos. Kuro traînait presque par terre, tant elle était petite, chose qui le fit sourire, mais que la gamine ne comprit pas. Enfin, ils reprirent la route pour rejoindre le prochain repère. Il lui tendit la main, et la fillette l'empoigna, comme s'il ne s'agissait que du dernier fil pouvant la tenir en ce monde. Mais rien ne laissait présager que cette frêle fillette allait devoir trouver sa voie dans la mort.
Scène 4 : Le refus de ce qui n'est plus.
Kyouran rouvrit les yeux, à nouveau. C'était un geste qu'elle accomplissait très souvent. Pour réfléchir, se souvenir, savourer un moment... En clair, la vue était chez elle quelque chose qu'elle trouvait gênant. Ses mémoires, elle aimait se les ressasser, sans cesse. C'était un moyen de marquer les lieux, les personnes, les choses de son passage. Un moyen aussi de se rappeler de sa propre existence. A vrai dire, sans ce passé, elle ne serait certainement pas là. C'était ce qui marquerait à jamais son identité.
Elle regarda Shiro et Kuro à la lumière pâle Et un sourire se peignit sur son visage. Elle allait y arriver, c'était certain, une technique aussi simple. Pour ce faire, elle accrocha au mu un mannequin de toile de taille humaine qu'elle avait cousu elle-même durant plusieurs jours. Elle lui lança un regard désolé, l'air de dire : « Pardon, tu vas souffrir, et pas qu'un peu... » Elle s'éloigna de trois bon mètres et commença. Elle rengaina cérémonieusement Kuro. Elle pris calmement appuis sur ses pieds. Tenant Shiro dans la main gauche, la pointe renversée, et Kuro encore dans son fourreau. Alors, elle s'élança à toute vitesse vers la poupée de chiffon. Elle la frôla à peine avec Shiro et dégaina Kuro, comme elle avait vu faire beaucoup de personnes, pour trancher nette cette poupée flasque. Une large entaille se fit au niveau du ventre de la créature immobile. Ce n'était toujours pas ça, il fallait la trancher en deux. Pas en « presque deux ».
En ce sens, Kyouran était quelqu'un d'exaspérant, puisqu'elle voulait toujours la perfection dans ses enchainements. A vrai dire, pour survivre, il n'y a pas de place pour l'a peu près. Énervée contre elle même, elle déversa un flux de chakra de vent impressionnant dans la lame noire et déchiqueta le bras de la poupée. C'était loin de la défouler, mais ça ferait l'affaire pour la tenir calme un petit moment au moins. Elle repris sa position initiale. Elle se devait de découper cette chose sans avoir recours au ninjutsu, seulement de la force physique. Elle regarda son poignet. Peut-être un problème avec son axe. Elle se rapprocha à nouveau de la loque et trancha en pivotant légèrement le poignet lors de la coupe. C'est alors que tout s'éclaircit, quand elle vit la jambe de la poupée tomber mollement.
Encore une fois, elle se prépara à lancer l'assaut. Cette fois serait la dernière, elle avait compris. Elle sourit de façon narquoise et ré-attaqua cette pauvre chiffe au niveau de l'abdomen. Le bas du corps s'écrasa au sol, comme s'il n'avait jamais été attaché au reste. La coupe nette dont Kyouran rêvait. Elle y était parvenue, et ce, rien qu'avec un bête mouvement de poignet. Durant tout ce temps, elle pensait sa technique parfaite, mais elle était dans l'erreur. Elle lâcha ses sabres au sol et éclata de rire. D'un rire franc et moquer pour elle même et sa bêtise. Un rire un peu nerveux aussi, puisque, elle, une professionnelle de l'assassinat, n'avait pas été capable de se rendre compte de sa stupidité. Elle sourit. Finalement, elle n'avait pas tant changé depuis ces dernières années, toujours aussi étroite d'esprit, croyant toujours avoir raison, mais se trouvant dans l'ignorance la pus totale.
Elle regarda la lune et adressa ses paroles à son défunt père :
« Regarde, papa, je vais t'épater ! Je changerai, c'est promis ! »
Et sans prévenir, elle partit, ses affaires sous le bras, direction les portes de Suna, qu'elle passa sans difficulté, en les escaladant. Bientôt le soleil se lèverait, pour elle et pour les autres. Chaque jour qui débute, nous sommes différent.
Scène 5 : L'aube d'une nouvelle vie
Elle s'était durement entraînée, acharnée, arraché les cheveux, et j'en passe. En finalement, elle se retrouvait là, posée sur le sable, à patienter pour l'arriver de l'aube, un spectacle qui, toujours autant, l'emplissait d'impatience et de joie contenue. Elle trépignait littéralement dans son être intérieur, mais physiquement, rien n'était percevable. Toujours au calme solide, il était presque impossible de dénicher une quelconque émotion sur son visage que de la sérénité, hormis à certains moments, quand elle dormait mal par exemple et qu'il était facile de l'énerver, et ce en un rien de temps, en ne faisant pas grand chose. Elle avait un tempérament qui faisait qu'elle cachait instinctivement son ressentiment, ne laissant entrevoir aucune de ses failles. Seules quelques personnes à Suna connaissaient sa véritable nature. Mais quand enfin, elle se décidait à se laisser aller, au cours d'une bataille, en ayant été particulièrement irritée, les ennemis ne faisaient pas long feu, sous la colère puérile de cette adolescente qui se prétendait adulte, et qui donnait l'impression d'en être une assez souvent.
Elle s'allongea sur le sable froid, le regard perdu dans le ciel dont l'horizon commençait à se teinter de couleurs chaudes. Il y avait là-haut toute la palette de couleur que pouvait voir un être humain. Elle posa ses mains sur son ventre et ferma encore les yeux. Les petits animaux du désert se tapissaient les uns après les autre dans le sol, sous des rochers ou sous de petites plantes sèches. Chaque créature avait sa place, n'empiétait jamais sur le territoire de l'autre. Durant la nuit, ces animaux se chassaient les uns les autres, et le jour, ils s'entassaient, restant solidaires pour la survie de chacun. Chaque chose produisait son propre son, du couinement au bruit du sable que l'on remue... Un symphonie s'offrait à ses oreilles, la fatigue la gagnait presque. Mais ce n'était pas le moment de dormir, une dure journée l'attendait encore, d'autant plus qu'elle devait voir le soleil se lever, comme chaque matin.
Elle se releva et se gifla légèrement pour rester éveillée, rampa jusqu'à sa sacoche et en sortit un bout de papier de couleur blanche. C'était un papier qui coûtait relativement cher, mais elle se devait de faire de test si elle voulait être certaine de ce qu'elle craignait. Elle 'observa longuement et les premiers rayons commencèrent à éclairer sa face impassible. Elle ferma les yeux, soupira et se décida enfin. Après tout, il n'y avait aucun risque, à part celui de savoir. Elle déversa de son chakra dans la feuille, tout en gardant les yeux fermés. Mais elle ne put tenir pas plus de quelques fractions de secondes, qu'elle vit quelque chose à laquelle elle ne s'attendait pas le moins du monde. Le papier s'effritait. Mais cela ne lui suffisait pas, il fallait qu'elle recommence le test. Ca ne pouvait pas être possible après toutes ces années, qu'elle ne s'en soit pas rendue compte. Elle retenta l'expérience cinq ou six fois. Ce petit lot de papiers lui avait valu une fortune, mais c'était un mal nécessaire à sa bonne conscience.
Chaque fois qu'elle refis la même chose, le résultat se trouva ne pas changer. Toujours ce papier qui s'effritait. Cela signifiait que son affinité naturelle était de terre... Ce qui était possible sur tous les points, puisque toutes les techniques qu'elle possédait avant son arrivée au village, venaient de son maître dont l'affinité était fuuton. Elle soupira, lasse. Et voilà, ça lui ferait encore plus de travail, maintenant, pour maîtriser une nouvelle affinité. Quoique ce devait être plus facile, puisque c'était sa véritable nature. Elle ramassa les brisures de papier s'étant entassées au sol et les mit dans une petite boîte en métal. Elle se rendit compte alors, que sa vraie vie commençait ici, à Suna, et non sur les grands chemins ou dans les lieux perdus, à l'affut de gagne pain, et de mourir sans avoir d'importance dans le cœur de personne. C'était décidé, elle allait leur montrer ce dont quoi elle était capable et protègerait ce lieu sédentaire et enfermé -deux notions qu'elle n'aimait pas- qui était maintenant sa seule maison, ses racines et l'endroit auquel elle serait toujours attachée, quoi qu'il advienne par la suite. Avec l'aube débutait sa nouvelle vie.
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Pfiouuu, terminé ! Ceci est le dernier acte d'une série en trois actes. Les deux premiers se trouvent dans le topic des habitations. Merci d'avoir tenu la lecture jusqu'au bout ^^