Alors qu'Ayako était partie en ville revoir ce garde qui l'avait accosté le premier jour, à mon grand étonnement d'ailleurs, moi je marchais le long des grandes allées de Suna. Non pas que ma soeur n'était pas très belle, bien au contraire ! Ce qui m'étonnait dans sa réaction, c'est qu'à travers le fait de revoir cet homme, elle admettait que sa vie n'était pas encore achevée, qu'elle pouvait encore se battre et repousser la limite que la nature lui avait imposé via la maladie. J'étais heureux de l'apprendre, et j'avais hâte de la voir sourire à nouveau. J'avais hâte que notre nouvelle vie prenne forme, et que l'on soient à nouveau heureux. Pour le moment, on pouvait dire que nous avions de bonnes bases de commencement. Même si nous logions encore à l'hôtel le temps de s'installer, nous n'étions pas malheureux ! Bien au contraire, il nous arrivait de rire sans s'arrêter, seuls dans notre chambre, chose qui ne nous été pas arrivée depuis des années. Elle était occupée après manger, tant mieux pour elle, mais surtout tant mieux pour moi. Oui, je ne voulais pas la mêler à mes recherches, je préférais être seul dans des cas comme celui-ci. Je déambulais donc dans Suna et ses grandes et interminables allées. L'architecture et le style me plaisait, ça changeait de Konoha où je me trouvais trop à l'étroit. Je croisais régulièrement des gens dans la rue, qui se plaisait à me scruter mais pas maladroitement. Ils me souriaient, et la plupart du temps je leur renvoyais ce sourire. Un sourire non pas hypocrite, quoique certaines personnes auraient pu le penser. Non, un sourire légèrement forcé, mais qui me faisait tout de même plaisir. J'étais entré dans le village, mais il me restait à rentrer dans les coutumes et les moeurs des habitants. Je n'étais pas encore tout à fait à l'aise ici, mais je m’efforçais de faire de mon mieux pour m'intégrer comme il le fallait.
Le soleil était toujours présent, du matin au soir, mais ce n'était pas désagréable. Il en faisait pas non plus chaud et sec comme j'avais pu l'imaginer. L'air était chaud, certes, non humide, mais agréable à sentir se frotter contre ma peau. Le sable ici avait une odeur, autant dire que la ville avait une odeur. L'odeur de Suna. C'était particulier, mais particulièrement plaisant, j’espérais ne pas m'y habituer trop vite car j'apprécier cet aspect. Contrairement à ce que j'imaginais de la ville également, les rues n'étaient ni étroites, ni sales, et l'on pouvait y circuler librement comme on le souhaitait sans avoir la peur au ventre de se faire agresser. Fausses histoires pittoresques que nous racontait notre Papa le soir avant de se coucher, pour se rire de ses gosses qui tremblaient par ces histoires , naïfs. Les habitations étaient de forme modernes, plutôt cylindriques. Chaque magasin avait son enseigne, comme les restaurants, les hôtels et divers commerces. On sentait que la ville était à la fois diversifiée, mais également unie. J'apercevais souvent dans les rues des constructions ou rénovations en cours. La rumeur était donc une réalité : Suna était en pleine expansion. De loin, j’aperçus un marchand d'armes, plus précisément de lames en tout genre. L'enseigne paraissait plutôt ancienne, j’espérais donc pouvoir y trouver quelques renseignements. En effet, ce n'était pas pour moi, mais pour mes recherches. La lame de Papa, qu'il avait emporté avec lui sans que je ne puisse jamais la revoir, provenait de sa ville natale. Ainsi, peut être ce marchand, par pur hasard, pourrait me renseigner. Oui, comme vous le pensez très certainement, j'étais naïf et je croyais aux miracles. Ainsi, j'engageais d'un pas ferme et assuré mon entrée dans la boutique. C'était plus ou moins une boutique en vérité, d'accord elle vendait des armes, mais on pouvait attendre si l'on tendait l'oreille toute une machinerie qui venait de derrière la vitrine. C'était donc, dira-t-on, un artisan créateur et vendeur d'armes en tout genre. En entrant, un cliquetis alerta le patron de mon arrivée. Je continuais de pousser al lourde porte avant de rentrer totalement. L'air était chaud, encore plus qu'à l'intérieur. Et je sentais comme une odeur de fer dans l'air, bien évidemment. Cet odeur je la connaissais bien, car elle m'avait toujours perturbé. Vous savez, comme l'odeur de sang. Quand j'étais petit, comme à peu prés tous les enfants de mon âge, je m'étais souvent demandé pourquoi le sang avait une odeur et un goût d fer. C'est en lisant des livres de mon père que je compris enfin pourquoi. Je vous épargne le pourquoi du comment, mais le fonctionnement de la circulation sanguine est très intéressant. Je fouillais des yeux la pièce, de fond en comble sans trop bouger. Je me contentais d'un pas léger et traîné, comme si ce fut un paralysé qui se remettait sur pieds et effectuait ses nouveaux premiers pas. Je scrutais en vérité chaque arme, et cela attiré toute mon attention. Un tel travail devait demander beaucoup de patiente. Non pardon, c'était sûrement plus qu'un travail, c'était sans aucun doute un art. Il y avait, sur les trois murs qui m'entouraient, tout type d'arme. Des lames, plus ou moins grandes et plus ou moins fines. Une grosse épée, qui devait très certainement avoir un nom plus spécifique que "grosse épée", mais dont j'ignorais tout. Je n'étais pas doté d'une grande connaissance en terme d'arme, et pourtant j'étais plus ou moins doué dans la pratique. En effet, j'avais souvent porté le lourd mais pourtant si fin katana de mon père étant plus petit, et une chose était certain, je me débrouillais mieux que Ryuku, mon frère. Des armes plus étranges étaient également suspendues au mur. Un espèce de cercle en fer, qui semblait très tranchant. Il y avait également une caisse avec une multitude d'outils, d'assemblages... Étrange, je m'approchais alors de cette grande caisse, d'un air curieux. A ce même moment, alors que je commençais à prendre un de ces pièces entre mes mains pour l'observer de plus près, un jeune homme apparu de derrière la boutique. C'était très certainement le vendeur du magasin.
- Bien le bonjour monsieur. Ah, je vois, vous montez votre marionnette ? Cela tombe très bien car j'ai un tout nouvel arrivage de pièces exclusives, attendez... Où est-ce que j'ai bien pu mettre cela...
Le jeune homme commença alors à chercher dans des caisses plus petites, situées derrière un rideau. Monter ma marionnette ? Que voulait-il signifier par là ? Un pantin ? Mais à quoi bon ? Je me rendis vite compte que l'objet que je tenais dans ma main était une pièce d'assemblage comme le vendeur me l'avait si bien dit. Etrange coutume que je ne connaissais pas le moins du monde. Intrigué par cette pratique, je décidais de le questionner pour en connaître davantage. D'une voix peu sûre de moi, je me lançais :
- Eh bien à vrai dire, non. Je viens tout juste d'arriver au village donc je ne pense pas... Enfin, comment dire. Pourquoi des marionnettes chez un forgeron ? demandai-je avec un sourire naïf.
Le jeune homme arrêta ce qu'il avait entreprit de faire, ou tout cas il m'écouta parler. Aussitôt que j'eusse fini, il rit fortement en plaçant sa main sur le haut de son thorax. Je pensais bien qu'il devait se jouer de ma naïveté d’étranger. On ne pouvait pas tout savoir, et je venais de loin. Mon ignorance aurait bien due être excusée de ce point de vue là. Je pensais alors important de préciser que je venais de Konoha, et que je n'avais jamais entendu, ni même lu dans des livres, quelconque choses à propos de cette pratique. Il me regarda étonné comme si Suna était au coeur de tous les sujets et de toutes les préoccupations de tout le monde. Puis, fièrement, il commença son discours comme s'il racontait une histoire à un enfant.
- C'est une pratique originaire de Suna. De nombreux ninjas du village utilisent des marionnettes qu'ils confectionnent de leurs propres mains, et s'en servent en combat comme d'une puissante arme. Je pensais que cet art était réputé au delà des frontières de la ville. C'est important de le savoir, peut être pourrais-je me faire un gros chiffre en le faisant connaître ailleurs... Quoique qu'il en soit, vous avez donc dans cette caisse de nombreux gadgets mélangeant poison, paralysant, lame tranchante et autre pièges vicieux. Oui, c'est le mot de cet art : vicieux. Mais ça marche bien dans le coin, alors j'en profite. Vous savez je ne tiens pas le magasin depuis longtemps, je l'ai repris à mon père, ça faisait bien un demi siècle qu'il le tenait, il en a vu des gens passer...
Il acheva son discours car j'avais recommencé à contempler les armes sur les murs. Pourtant j'avais bu ses paroles. C'était fascinant comme technique de combat ! Etrange chose que je n'en eu jamais entendu parler. Il faut dire aussi que je ne m’intéressait que depuis peu à l'art de la guerre. S'intégrer, c'étai la seule chose dont je devais me préoccupais dans les jours à venir. Et pour cela, je devais comprendre le village dans lequel j'avais atterri. Alors, je continuais mon questionnaire à ce sujet. Je voulais en connaître davantage.
- Jamais entendu parler, étrange oui comme vous le dites. Ce n'est pas obligatoire pour tout ninja de Suna au moins ? demandais d'une voix hésitante et peu assurée.
- Non, bien sûr que non. C'est pourtant un point fort de la ville d'un point de vue militaire ! Vous savez, c'est une tradition originaire d'ici, et de nombreux ninjas la pratique au sein du village. Vous êtes ninja je peux voir, peut être auriez vous l'occasion d'en affronter un jour ? Ils ont crée depuis peu une brigade de marionnettiste. Chose assez incongrue, mais pourquoi pas. Je suis content de ce que notre nouveau Kazekage a entreprit depuis qu'il est là-haut.
- D'accord. J'ai entendu dire que c'était un très bon Kazekage, en effet. S'il se soucis de son peuple, c'est une bonne chose. C'est vrai... répliquais-je d'un air pensif.
-Bon ! s'exclama-t-il soudainement d'une voix bien plus aiguë qui me fit presque rire, cependant je m’efforçais de ne pas le montrer car j'avais été bien éduqué, et c'était une chose qui ne se faisait pas. Qu'est ce qui vous amène ici ? Pourquoi Suna si ce n'est pas trop indiscret ? Et pourquoi dans mon magasin ? Que cherchez vous précisément si je peux me permettre de vous aider. Nous possédons les meilleures lames de Suna !
- Eh bien, c'est à dire que... Je viens à Suna pour m'y installer, c'est la ville d'origine de mon père. Il était Juunin quand il a voulu partir pour Konoha, c'était pendant de troubles périodes, mais c'est du passé. En tout cas j'aime beaucoup cette ville pour le moment, elle paraît si...chaleureuse ! Et pourquoi dans votre magasin ? répétais-je en réfléchissant rapidement à ce que j'allais bien pouvoir dire. Eh bien, pour tout vous dire, je cherche des informations sur mon père. Voilà. J’espérais pouvoir en trouver ici car il possédait un katana qui correspond à votre style en effet, mais je en pense pas que vous pourriez m'aider étant donné le fait que vous êtes jeune propriétaire...
- D'accord, très intéressant tout ça... Et bien, si jamais vous avez besoin de quelque chose faites moi signe, je suis vraiment désolé de ne pas pouvoir vous aider en effet. Mon père revient de voyage dans deux jours, peut être qu'il saura, lui !
Le jeune homme, à peine plus âgé que moi, haussa les épaules de manière assidue, puis retourna dans le rangement de ses cartons. Il ne paraissait pas méchant, il était serviable mais je sentais que ce n'était pas uniquement de la gentillesse commerciale. Ainsi, je jetais un dernier coup d'oeil aux armes accrochées ici et là, puis tournais les talons avant de saluer le vendeur et de partir. Je lui dis au revoir à nouveau d'une voix un peu déçue, puis poussais la porte pour ressortir dans la rue. Le vent s'était légèrement levé, un vent chaud, mais agréable. Mes recherches n'étaient pas fructueuses, mais c'est ce à quoi je m'attendais au fond de moi même, en dépit de ma naïveté.
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