Premier Jour de Voyage.
Le soleil semblait nous tendre les mains, guider notre chemin qui était encore long. Tout droit devant nous, comme si nous cherchions à l'atteindre envers et contre tout. Depuis le temps que nous avions commencé notre voyage, nous avions vu beaucoup de choses. J'avais pris soin de prendre assez de réserves notamment en eau mais surtout en nourriture, car dieu sait que le trajet ne serait pas si facile, et, bien évidemment, nous n'empruntions pas les grandes routes bordées de restaurants. C'est ce qui m'avait semblé le plus judicieux, emprunter des petites routes bien connu jusqu'à atteindre Kawa, le pays de la Rivière. Ici, j'étais persuadé que nous trouverions au moins de quoi nous reposer et nous remplir le ventre comme il le fallait. Je n'étais pas sorti souvent de Konoha, mais Papa m'avait déjà emmené à la frontière. En effet, il avait voulu nous montrer à mon frère et moi d'où il venait, un village lointain et perdu au delà des grandes dunes et déserts de sables : Suna no Kuni. Il me l'avait décrit des milliers de fois si ce n'est plus : de vastes murailles graduées, dont chaque étage abritaient des fantassins chargés de surveiller constamment les horizons tels de vrais guets. L'immensité du territoire, c'est ce qui me fascinerait le plus une fois là-bas, ou peut être les structure architecturale de la ville, ou bien encore les spécialités culinaires du pays ! Je n'avais pour le moment que des préavis, des dits sur ces questions, mais je voulais le voir de mes propres yeux, sentir l'odeur du désert, et le vent chaud et sableux sur ma peau. Ayako n'était pas trop bavarde, elle n'ouvrait la bouche que pour demander de s'arrêter, de l'aide, ou bien encore si j'étais sûr de mon choix. Parfois, ce genre de question m'irritait profondément au point même de lui avouer qu'elle était pour moi un véritable fardeau. Mais même si le cœur des hommes est sombre et corruptible, je ne me plaçais absolument pas dans cette catégorie. Alors ce que je faisais, eh bien je prenais sur moi ses réflexions tout en gardant mon calme, c'est au fond ce que je savais faire le mieux, et pour le mieux. Je ne voulais pour rien au monde que ce voyage se passe mal, et encore moins me prendre la tête avec ma sœur, elle avait déjà une si grande peine. C'était au fond tout ce qu'il me restait de mon ancienne vie, ou presque... Je me retournais alors vers elle, et accompagné d'un sourire lui proposais-je de nous arrêter pour qu'elle puisse souffler un petit peu. Elle paru dans un premier temps étonnée, puis elle reçu mon sourire comme une invitation avant d'y répondre positivement. Je vous l'avez déjà dit, un sourire remplace parfois un bon vent de paroles inutiles. Alors nous nous installions dans un recoin, près de la montagne. Là, je rassemblais un peu de petit bois pour allumer un feu.
- « Nous allons dormir ici cette nuit. Je préfère que nous restions en forme, et puis tu dois être fatigué. Nous reprendrons la route au plus tôt de demain si tu te sens bien. Comment est-ce que tu te sens ? Lui demandais-je en étant le plus sincère possible dans ma voix.
- Bien, merci. Je ne sais pas allumer de feu par contre... » remarqua-t-elle avec un rire qui arriva à me réjouir un peu plus.
Elle s'assit devant ce que l'on pourrait appelé le « futur feu », et commença à me raconter que Papa lui avait dit une fois de frotter deux pierres l'une contre l'autre... Je souris à cette remarque qu'elle me fit, c'était bien connu. Un sourire qui, peut être, naquit en plus du fait qu'elle parlait de Papa. Il est vrai que j'avais eu beaucoup de mal à accepter qu'il nous quitte lâchement, mais avec le temps j’espérais pouvoir dire à mes propres enfants que c'était un homme formidable. Ah non, suis-je bête, je n'aurais pas d'enfants ! Je passais alors la main au dessus de la masse de branches rachitiques sur laquelle nous avions placé un plus gros morceaux de bois pour la nuit. Avec un peu de concentration, une boule de gaz se manifesta soudainement par progression lumineuse, puis se dirigea sans attendre entre les brindilles. Aussitôt de grandes flammes mêlées à une bouffée d'étincelles surgit. Surprise, ou plutôt ébahie par la situation, Ayako essayait tant bien que mal de balbutier quelques mots. Je me moquais d'un rire simpliste de ces bafouillis, je n'avais pas tellement l'habitude de le montrer à quelqu'un d'autre qu'à mon père. Je rougis alors légèrement de cet incident, comme à mon habitude car j'étais toujours gêné.
- « C'est un cadeau de Papa... » hésitais-je avec une pointe de cynisme dans ma voix.
Contrairement à ce que je pensais, elle me sourit allègrement. Chose qui me fit le plus grand bien, sans même la comprendre pour autant. Ma sœur était intelligente, peut être le savait-elle déjà pour ce don héréditaire, ou bien elle essayait de comprendre tout en gardant son calme. Puis, un grand silence s'installa entre nous deux et le feu qui scintillait maintenant de petites et régulières flammes. Je compris doucement qu'elle attendait peut être des explications, en effet elle ne pouvait connaître ni l'origine de ce pouvoir, ni les utilisations. J'essayais alors rapidement de trouver des mots à partager avec elle, mais ce ne fut pas chose facile. J'étais de nature un beau parleur et un orateur plutôt doué, mais parfois dans certaines situations embarrassantes comme celles-ci les mots se cachaient les uns derrières les autres derrière une barrière psychologique, sûrement induite par ma forte timidité. J'arrivais alors, en me concentrant, à accrocher l'histoire de cette hérédité tout comme me l'avait confié mon père il y a quelques années de cela. Ce n'était pas facile pour autant car il fallait approprier les mots justes pour ma sœur qui n'était pas du même monde que moi. Elle était fleuriste, j'étais apparenté aux monde des ninjas, pour le moins inconnu pour elle même si elle était quelqu'un de cultivée.
- « L'Art du Shakuton, une certaine maîtrise de la température. Papa n'a pas eu le temps de m'enseigner la totalité du contrôle de ce don.. Tu sais bien, il aurait certainement voulu... dis-je en cherchant mes mots.
- Je sais, nous en avions déjà parler avec Ryuku », dit-elle en me coupant légèrement la parole.
Je ne savais plus s'il fallait que je continue mon début d'histoire ou si j'avais offensé ma sœur. C'était censé être elle la grande sœur, celle qui dirige un peu ce qui restait de notre famille, le binôme que l'on était devenu. Mais ce n'était pas si facile que cela pouvait paraître. Elle souffrait de plus en plus fréquemment de troubles mémoriels, et ses capacités étaient dégradées de jours en jours sans que je ne puisse rien faire. Ainsi, c'était moi qui devait me débrouiller seul, pour nous deux. Situation pour le moins paradoxale, mais il fallait que je tienne le coup d'autant plus que c'était moi qui l'avait poussé à s'installer à Suna.
- « Papa vient de Suna et...-
Et tu te sens obligé de suivre le chemin qu'il a pris ? Pourquoi ? S'emporta-t-elle d'une voix dure mais sans pour autant élever le ton.
Je me demande vraiment à quoi tu penses parfois Eryu. Je ne te comprends pas toujours, je ne te cerne pas dans ce genre de situation. Tu ne m'as toujours pas dit pourquoi aller à Suna, il fait pratiquement nuit et j'ai très faim en plus des douleurs que je ressens... Je... J'en peux plus tu sais...»Ayako prit alors sa tête entre ses mains, elle dégagea ses cheveux en arrière en regardant ses pieds. Elle semblait exténuée, mais je ne pensais pas qu'elle m'en voulait. Je me levais alors, peu sûre de moi, afin de me positionner contre elle. Rien de mien qu'un câlin pour faire passer les choses. Alors, je l'a laissé pleurer sur mon épaule tout en lui caressant sa chevelure, si peu différente de la mienne en somme. Je me rendais alors compte qu'elle prenait de plus en plus les allures de maman. Maman était belle, ses yeux pétillaient d'amour, ses cheveux étaient toujours bien coiffés et sentaient bon. Elle était toujours bien habillée, et aurait tout fait pour nous voir heureux. Ayako lui ressemblait que trop, en fin de compte. Les minutes passaient, vite même, et ses sanglots s'étaient petit à petit dissipés. J'attendais le moment propice où elle se serait totalement calmé pour lui expliquer, avouer les si peu de choses que j'avais en tête. Ce que je savais, mes desseins à venir.
- Écoutes, Ayako, Papa est originaire de Suna comme tu le sais, et je veux en connaître davantage sur ce qu'il m'a légué. Je suis persuadé que je peux trouver des traces de lui là-bas. Je ne maîtrise pas bien cette chose en moi, peut être trouverais-je dans ce village quelqu'un qui pourra m'apporter des réponses ? Je veux juste, enfin du moins je voudrais que tu comprennes certaines choses : je n'ai jamais eu l'ambition de devenir un ninja comme Papa l'a été, ce n'a jamais été mon rêve à moi, c'était celui de Ryuku, juste le sien, et tu le sais bien ! lui soufflais-je doucement à l'oreille, je pris une petit inspiration avant de poursuivre. Mais il est parti, il ne reviendra peut être pas. J'ai toujours espoir qu'il aura eu la même idée que moi, qu'il soit revenu sur les traces des ses origines. Ne serait-ce que pour chercher et comprendre pourquoi, et comment... Cela m'a beaucoup dépassé quand j'ai appris de quoi j'étais capable, et pourtant à mon niveau ce n'est pas grand chose. Mais jamais, O grand jamais, on ne pourra m'accuser d'être un criminel, ce n'est pas ce que je veux. Pour le moment, je veux juste savoir, et profiter du temps qu'il me reste avec toi pour construire ma nouvelle vie là-bas, à Suna."Pas de réponse. Je pris un peu de recul pour regarder ma sœur, pour au moins déchiffrer l'expression faciale qu'elle aborderait. Ayako s'était endormie sur mon épaule. J'espère au moins qu'elle aurait entendu un petit bout de mon discours, ou au moins qu'elle ne m'en voudra pas demain. Sans mouvement brusque, je retirais mon épaule tout en maintenant sa tête dans mes mains. Alors, je pris la temps d'allonger son corps sur ce que j'avais installé à même le sol pour pouvoir dormir. Après l'avoir soigneusement couverte d'une épaisse couette, même si je sais qu'elle n'aurait pas froid à mes côtés, je fis de même. Pour la première fois depuis longtemps, peut être sous l'effet de la libération ou du fait que demain je serais à Suna, je m'endormis comme une masse, sans trop réellement penser...
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Deuxième jour de voyage.
La nuit était passée très rapidement, mais elle fut bien restauratrice. Le feu s'était éteint la nuit durant, mais j'avais réussi à conserver la température au sein même du sac de couchage, si bien qu'il y faisait chaud et douillet. Nous avions fait la grasse matinée pour partir en pleine forme, d'ailleurs, je ne me souvenais pas avoir fais de cauchemars comme à mon habitude. Pour une fois depuis longtemps, je connaissais l'impatience, et j'étais bien dans ma peau. Nous avions donc continuer à progresser dans notre périple, avions dépassé la frontière avec Kawa. D'après la carte que j'avais disons « emprunté » à Konoha, nous n'étions plus tellement loin de la frontière du fameux pays du vent, et de ses si fabuleuses immensités désertiques. Le soleil était dense dans le soleil, mais je ne souffrais aucunement de la chaleur, peut être était-ce un phénomène inconsciemment lié au Shakuton ? Je ne connaissais certainement pas la réponse, et j’espérais la trouver en ville.
Nous marchions encore et encore en longeant une petite montagne, quand tout à coup nous avons entendu un cri. D'un signe de la main, j'interdis à ma sœur de faire un pas de plus. Quelqu'un criait à l'aide non loin d'ici, pas loin du tout même. Je me précipitais alors dans la direction des cris, en pressant le pas pour ne pas à avoir ma sœur trop prés de moi tout de même, ne sait-on jamais ce qui pouvait nous attendre. J'escaladais la petite montée, cela donnait sur une petite clairière, non loin d'un chemin boueux. J’aperçus par la suite ce qui me semblait être une petite fille accrochée à un arbre, ligotée contre le tronc tel une prise d'otage ou un sujet à de quelconques tortures. J'eu soudain un picotement au cœur. Sans réfléchir plus de quelques secondes, je me précipitais dans sa direction en faisant attention autour de moi si j'étais observé. Personne ne me semblait présent. J’accourus ainsi auprès d'elle, immobile. Autour de l'arbre en question, la terre n'était pas foulée, cela me rassurait déjà sur le nombre si jamais un combat venait à arriver. Même si je n’espérais pas me combattre, ce ne serait pas de chance tout de même que de tomber face à des brigands, ou pire dans un piège... En l'espace d'une seconde, je sentis quelque chose m'attraper le pied et me tirer vers le haut. Un peu perdu, je n'avais d'autre choix que de me laisser emporter par la force qui me tirait sur la jambe. En si peu de temps, je m'étais retrouvé la tête vers le bas, le pied en haut accroché à une corde qui me suspendait à une branche un peu trop solide pour que je puisse faire quoi que ce soit. Il ne me fallu pas plus de quelques secondes pour comprendre dans quoi je m'étais engagé : la petite fille accrochée au tronc d'arbre avait disparu, plus de corde pour la ligoter, plus de petite fille. Il ne restait qu'une fine fumée qui se dissipa très vite. J'avais était victime d'un si faible Genjutsu, une tromperie de base. Non, je n'avais pas été victime, j'avais été idiot. J'aurais pu m'en douter, mais à présent je m'en voulais. Je n'entendis pas immédiatement des pas, mais d'abord des applaudissement lents, et forts, qui me semblaient d'un rythme et d'une résonance fortement ironique, et moqueuse. Je m'étais fais attraper tel un vulgaire lapin, et mon bourreau arrivait sur le champ.
- « Règle numéro 1 du Nunkenin : survivre de ce que nous apporte avec gentillesse les voyageurs... Règle numéro 1 du voyageur : tomber dans la traquenard du Nunkenin. C'était si facile, j'espère que tu as assez de bien pour me convenir petit ! Sinon, je te laisserais volontiers partir, mais sans ta langue... » s'esclaffa sauvagement la brute épaisse qui m'avait tendu ce piège si futile.
Je pouvais sentir la haine dans sa voix, le mépris, la violence, la décadence, mais aussi une cruauté sans merci qui l'aurait bien poussé à ne pas manquer à ses paroles. J'essayais de relever la tête pour le voir dans les yeux, ou du moins analyser sa position, sa corpulence. Il avait une voix plutôt grasse, lourde. J’espérais que ce fut un gros, ils sont généralement bien moins rapides, mais si la force leur sont proprement plus conséquente. Je ne le voyais pas, j'étais face au tronc d'arbre, de l'autre côté. J'hésitais à essayer de me détacher, mais je ne connaissais pas sa position exacte, il faudrait que j'ai le temps de réagir...
- « Alors, que m'as tu apporté de beau ? Hein mon petit... ? Dit-il silencieusement, je senti soudainement un contact froid contre ma peau du côté de mon flanc.
- Eryu ? Où es-tu ? Qu'est ce que... !! s'exclama ma sœur, qui arrivait tout juste vers nous, par malheur. En regardant vers la gauche, j'aperçus effectivement Ayako, toute blême. C'était trop tard, j'avais oublié ce détail.
- Oh, mais je vois que tu m'as apporté un beau bijou, c'est bien mon gars. J'espère que tu aimes partager... »Un nœud se sera dans ma gorge, j'aurais voulu crier de rage, je ne pouvais pas. Aucun son ne pouvait sortir de ma bouche, et pourtant je voulais exprimer ma colère. Elle était grande, et c'était d'une rareté... Il ôta de mon flan ce qui m'avait semblait être un katana, long et fin. Puis, il s'éloigna d'un pas affirmé vers ma sœur. Je le voyais à présent nettement de dos, il était d'une allure assez grossière. Mal vêtu, sale, c'était un déserteur et probablement de Suna. Je n'aurais qu'à vérifier de plus prés plus tard, il était pour le moment actuel impossible pour moi de rester là sans rien faire, accroché bêtement à ma corde. Je sentais quelque chose bouillonner en moi, comme si la situation m'avait rendu fou. Dieu le sait, je ne suis pourtant pas irascible. Mais là, c'était quelque chose à laquelle il ne fallait surtout pas toucher...
D'un coup d'un seul, mes liens se rompirent. Je n'y avais pas penser avant, mais j'avais pu me concentrer rapidement pour chauffer la corde et ainsi la brûler comme mon père l'aurait fait. Je ne ressentais pas de douleur, si ce n'est de la colère. En tombant, j'effectuais alors une roulade en avant puis me précipitais vers ce maudit brigand, furibond, à grande vitesse. Je sortis un des kunai que j'avais accroché à ma ceinture au cas où, c'était un de mon père que je n'avais jamais osé utilisé jusqu'à présent. Cette saleté d'homme ingrat se retourna alors vers moi, comme alerté par le bruit de ma course. Par réflexe, il brandit son katana en avant rapidement, de sorte à ce qu'il l'appose contre mon kunai. Il avait eu un réflexe de défense innée chez un ninja, ce n'était donc pas un simple brigand, ce devait être un déserteur. Pour la première fois dans ma vie, je sentais quelque chose monter en moi, comme un instinct plus ou moins animal, sans que je puisse mettre de mots là dessus. Le combat allait me plaire. Paradoxalement, oui, le combat, ce que j'avais toujours redouté dans ma vie, ce que j'avais toujours détester faire, libérer en moi des hormones d'excitation de façon abondante. Il avait donc paré mon kunai contre la fine lame de son katana. Puis, pris dans ma course d'élan, je me servis de ce contact comme un appui élémentaire pour m'élever au dessus de lui, et atterrir de l'autre côté. Même si je n'étais pas naturellement doué pour le combat, j'avais toujours été très habile et très efficace en esquive mais également en déplacement en tout genre. J'étais capacité d'une souplesse assez peu commune pour un garçon de mon âge. Je fis quelques pas en arrière pour rejoindre ma sœur.
- « Rejoins nos affaires, pars de planquer. Pars pour Suna. Je me débrouillerais... expliquais-je à ma sœur sans même quitter mon adversaire du regard. Je lui dis en somme tout ce qui me passait par là tête, sans même vouloir en faire trop ou du moins sans trop réfléchir à ma propre personne. Elle hésita, chose normale.
Laisse moi seul, mais fais vite ! Depêche toi ! » Rajoutais-je en élevant soudainement la voix, c'est un ordre Ayako.
De là, je l'entendis partir et dévalais la petite descente en direction de là où nous avions laissé nos affaires, en sanglots. J'étais, en quelques secondes à peine, maintenant face à mon adversaire. Non, ce n'était plus un adversaire comme à l'école, c'était un ennemie qui voulait ma peau. Il commença alors une phrase, en essayant de me déconcentrer avec ses belles paroles d'harangueur. Je ne voulais pas l'entendre, je ne voulais plus le voir me provoquer. Je me jetais alors sur lui, dans ce que l'on peut dire « la gueule du loup ». Un enchaînement de kunaï contre son katana . Quelques échanges parés ici et là. C'était maintenant certains que ce déserteur savait se défendre. J’espérais maintenant que son niveau n'excédait pas le mien. Ce serait de toute manière vite vu. Un dernier coup de kunai paré avec violence m'expulsa un peu plus loin, contre un tronc d'arbre. Il était bien plus costaud que moi, mais bien moins rapide. Il fonça alors vers moi, et je n’eus le temps en réalité que de me déplacer légèrement autour du tronc, un peu plus sur ma gauche pour esquiver le coup de katana de mon ennemie. Celui-ci s'implanta légèrement dans le bois, j'aurais dû profiter de la situation pour attaquer, mais je ne réagissais pas assez vite. Trop tard, il avait dégagé son arme. Je m'écartais alors un peu plus loin, au milieu de la clairière. Le soleil était au plus haut dans le ciel, et je pouvais sentir mon ventre crier famine. Le pluie était excessivement légère, cela me plu.
- « Tu te defends plutôt pas mal ptit' gars... Mais que comptes tu faire avec un si petit couteau ? Hein ?! »Il n'attendit pas de réponse de ma part, de toutes façon je n'en avais pas à lui donner, il déboula vers moi avec une folle rage. Ainsi, il commença une nouvelle saillie d'attaque. Il envoyait sa lame tranchante par ma droite, je réussissais à parer avec mon kunai. Puis par la gauche, on obtint le même résultat. Il essayait de trouver en moi l'angle selon lequel ma faiblesse lui permettrait de m'atteindre. Je profitais d'un coup par la gauche pour me baisser et tourner autour de lui. Une fois complètement derrière lui, je me hâtais de me relever pour ensuite placer mon kunai sous sa gorge. Alors que de ma main gauche je lui tenais la chevelure pour garder sa tête droite et sa gorge tendue, de ma main droite je menaçais sa carotide. Je pouvais sentir une odeur pestilentielle venant de l'homme si sale, une odeur désagréable d'un homme suant n'ayant pas pris de douche depuis des mois. Quelle horrible chose ! Tout à coup, je commis une faute de débutant, j'aurais dû bloquer son bras gauche. Il était gaucher et par conséquent son katana était encore libre. Par chance, je pu anticiper la réaction du déserteur qui se retourne brusquement face à moi. J'eus à peine le temps de voir son katana s'approchait de mes yeux, que par réflexe je plaçais ma main gauche devant. Il était à présent face à moi. Je voyais son sourire, avec des dents noircies et pourries par une hygiène inexistante. Quelle horrible haleine. Je la sentais fortement, je sentais également son souffles court mais profond sur mon visage. Ma main... Je tenais le katana de ma main gauche. Je sentais bien que le côté de la lame me rentrer dans la peau, c'était une insupportable douleur que je ressentais là. Je le regardais une dernière fois dans les yeux, puis en lachant mon kunaï, me libérer la main droite. Il paru tout d'abord étonné. Puis, en me concentrant un court instant, je réussis à former un boule de gaz entre mes doigts recroquevillés. D'abord, de part ma main gauche, la lame du katana fondu sous l'effet d'une chaleur trop importante pour qu'elle persiste à l'état solide. Puis, alors que la lame du katana commençait à se plier, comme signe d'une défaite, un élan de violence qui ne m'appartenait pas pris possession de moi. J'accolais alors doucement ma main droite, disponible, contre sa nuque et à l'arrière de son crâne. Là, tout en continuant de fixer son regard, il ouvrit la bouche. Sans doute cria-t-il intensément de douleur, je n'entendais rien. J'étais comme abasourdi. Je ne me reconnaissais pas, je ne me reconnais plus... L'homme s'effondra à terre, ses yeux exprimait nettement ce qu'il avait pu ressentir avant de perdre la vie. Il ne lui restait même plus assez de larmes pour pleurer.
Je couru aussitôt en direction de l'aval de la petite montagne. Je courus vite, aussi vite que je pouvais. Là, un peu plus loin, j'aperçus Ayako. J’accourus follement à elle, pusi la pris dans mes bras. Je ne pouvais pas me contenir, des torrents de larmes s’écoulèrent de mes yeux rapidement sans que je ne puisse rien contrôler. Je m'effondrait en sanglots dans les bras de ma sœur.
- « Partons pour Suna », me rassura Ayako qui séchait tant bien que mal mes larmes, mais aussi les siennes.
Mon cœur était corruptible, et il avait été corrompu en quelques minutes seulement. Je n'avais jamais voulu être un homme comme les autres, qui estimait être assez grand pour ôter la vie d'un autre. Dorénavant, je devais porter cette peine. Celui que j'avais toujours haïe pour cette raison, mon père. Celui que je n'avais jamais voulu devenir. En si peu de temps, je ne pouvais plus discerner ni le vrai du faux. J'étais devenu comme Papa : pas un homme mauvais, non, juste un homme.