Trois mois. Trois longs mois de fuite, de cachette. Trois longs mois où cette foutue bague n'avait cessé de briller, comme pour rappeler à son possesseur que l'Akatsuki est une bande de copains dont on ne se sépare jamais.
Saga... Ce Dieu vivant. Face à lui, Saruwatari avait hésité. Comment pouvait-il simplement vaincre un tel démon ? Son chakra étouffait l'air et la vie, dirigeant ses bras avides et avilis pour étrangler tout être. Une telle créature ne pouvait exister. Et Yoshikuni hésitait aussi. Sans réfléchir, l'ancien bras droit de la Lune Rouge avait fait demi-tour et avait pris la poudre d'escampette. Car avant même que les deux opposants soient en face, l'Inuzuka savait que le combat était perdu.
Sans aucun scrupules ou remords, le déserteur de Konoha avait laissé sa camarade Konan réglait tout ça, seule, comme une grande. Et son chien avait galopé de toutes ses forces, pour mettre le plus de distances entre un simple humain et... Dieu.
Après plusieurs journées de courses, Yoshikuni s'arrêta finalement, les coussinets en sang. Son maître le soigna rapidement, et décida de se débarrasser de la bague. Faire le terroriste avec des crétins, c'était terminé. Peut-être qu'être membre, ou plutôt bras-droit, de l'Akatsuki était quelque chose de grisant, quelque chose qui donnait une certaine puissance... Mais Saruwatari n'était pas près à mourir pour de stupides idéaux.
Il manqua de s'arracher le doigt. Rugissant de douleur, il tint son poignet de sa main sans ornements. Yoshikuni couina, demanda ce qui était arrivé. Ce qui était arrivé... La bague était toujours là, moqueuse, narguant celui qui, un jour, l'avait enfilé avec fierté. Elle luisit d'un éclair bleue... Et la douleur s'intensifia. Jamais l'Inuzuka n'avait tant souffert. Même pas lorsqu'il avait appris la mort de ses parents... Ses parents...
Dans un accès de rage, Saruwatari éclata un arbre qui trônait vaillamment là. Son poing saigna, mais cela eu l'effet de calmer la douleur. Konoha... Ce pourri petit village. Il le détruirait. Mais il le détruirait... Seul.
Silhouette encapuchonnée, seule dans un océan d'Hommes marchant dans tout les sens, moutons anarchistes s'étant perdus. Un miteux village portuaire. C'était tout ce que Saruwatari avait trouvé pour repaire. Et pour éviter d'être découvert, il laissait son chien à l'entrée de la ville et se mouvait dans une vaste toge noire à la large capuche, similaire à l'ancien uniforme de l'Akatsuki qu'il possédait mais... Sans les nuages. Cela faisait deux mois qu'il s'était installé ici. À trois jours à cheval de Konoha. Ou à chien. L'ex bras-droit avait commencé à récolter des informations sur le Village Caché de la Feuille, assassinant des personnalités importantes, volant lettres secrètes et interrogeant messagers. Finalement, il ne connaissait que les plans des artères importantes du village, savait les entrées de quelques passages secrets entre diverses maisons et avait découvert que la Fête de l'Été se déroulerait le 12 juin et non le 21 (comme à l'accoutumée) pour des raisons de sécurité. Mais aucune information sur comment pénétrer discrètement à Konoha. Aucune technique pour s'introduire dans les appartements du Kage. Aucun parchemin montrant les rondes des gardes. Qu'à cela ne tienne, dans une semaine, il lancerait l'assaut.
"Coup d'état raté à Konoha". Voilà ce que titrerait les journaux, demain. Et pour l'instant, Saruwatari ruminait sa coléreuse rage.
Tout s'était pourtant déroulé comme prévu. Les mercenaires qu'il avait engagé s'était fait passer pour des brigands ayant capturé l'ancien membre de l'Akatsuki (qui était pourtant toujours considérer comme tel) et désirant le remettre au Kage pour qu'il décide de la peine encourue. Le groupe traversa alors fièrement les rues, sans aucun besoin de se cacher. Ils obtinrent une audience avec l'Hokage en hâte. Et là, discrètement, tandis que celui qui s'était choisi comme étant le chef des "brigands" discutait du montant de sa récompense, les autres enlevaient doucement les liens du déserteur de Konoha. Et juste quand le Chef du Village Caché de la Feuille avait l'attention détournée par quelques artifices ingénieux, Saruwatari avait bondi avec un timing parfait, brandissant un katana à la lame plus aiguisé que la glace perlée de sang. Et il aurait décapité ce salopard, si seulement... Si seulement sa bague n'avait pas émis une lumière bleue aveuglante qui avait empli toute la pièce... Et si seulement Saruwatari n'avait pas implosé dans un tel jaillissement de chakra d'une noirceur absolu que la pièce éclata. Sans attendre, la garde de l'Hokage, furieux d'avoir laissée passer des putchistes, jaillit de nulle part et lamina les troupes de l'Inuzuka. En sang, l'ancien membre de l'Inuzuka se fit passer pour mort. Et lorsque la salle fut évacuée, il se releva péniblement et marcha sans s'arrêter. Les quelques personnes qui le croisèrent se souvinrent d'un "pitoyable clochard ayant certainement perdu une bagarre, se déplaçant en traînant les jambes et en agonisant doucement".
Une fois sorti du village maudit de Konoha, Saruwatari s'écrasa sur le sol, prêt à mourir, las de poursuivre un rêve voué à l'échec. Il sentit que quelque chose lui tirait la jambe. Il ne résista pas. Il n'avait pas la force de voir de qui il s'agissait... Lentement et avec sadisme, les machiavéliques ténèbres emplirent son champ de vision. Puis... Plus rien.
Du sable. Du sable sur le noir néant. De la poussière. Et... Une boule rouge se déplaçant à toutes vitesses. Une puce ? Un aboiement... Yoshikuni !
Face à Saruwatari, son chien jappait de joie. L'Inuzuka ne mit pas longtemps à comprendre que son ami de toujours l'avait traîné sur plusieurs kilomètres pour s'éloigner de Konoha avant de tomber sur un médecin. Une fois que l'apothicaire avait prodigué des soins suffisant à l'ancien membre de l'Akatsuki, Yoshikuni avait apparemment bondit sur l'homme pour le tuer... Il avait de qui tenir !
Heureux, Saruwatari sauta sur son compagnon et lui lança une bourrade affective, avant de le caresser pendant une bonne demi-heure. En vie... Il était toujours en vie ! Il lança à regard enragé à sa bague, qui brillait désormais d'une inquiétante lumière noire. Son intensité n'avait jamais était aussi forte. D'autres attaques étaient certainement à redouter. Ce stupide et malfaisant anneau... Il n'y avait qu'une seule solution pour se débarrasser de ce parasite : se trancher le doigt.
Plus déterminé que jamais, le déserteur de Konoha sortit son bandeau frontal de sa poche qu'il enfourna dans la bouche, serrant les dents. Il leva le kunai qu'il tenait fermement dans sa main sans allégeance et... L'abattit.
Mais la douleur ne vint pas. Curieux, Saruwatari lança un timide regard vers son doigt... Noir. Il était entièrement noir. Et plus résistant que l'acier. La bague semblait avoir disparu, comme happé par l'énergie qui émanait de son appendice. Et le chiffre qui, jadis, orner l'anneau... Ce chiffre damné... Prenait une vantarde place sur son ongle. La bague avait fusionné avec son doigt ! Désormais, la seule façon de se débarrasser de ce stupide bijou était de se séparer de sa main... Et Saruwatari n'était pas assez fou pour ça. Qu'à cela ne tienne, il apprendrait à vivre avec ce parasite vivant sur son doigt, maîtrisant les crises de douleurs qui l'assiégeraient et faisant de cette bague un simple ornement. Il serait alors connu dans le monde entier, comme celui qui avait déserté l'Akatsuki ! Enfin... Peut-être d'autres shinobis avait déjà fuit cette organisation avant lui... Aucun importance.
L'Inuzuka vécut les deux jours suivant dans la forêt, chassant pour se nourrir et buvant l'eau des rivières. Il s'inquiétait. Car, comme une malfaisante lèpre, le noir démoniaque qui entourait son doigt se répandant peu à peu pour avaler son corps tout entier. Pour l'instant, elle avait atteint la base de son pouce. Il ne faudrait que quelques heures encore pour que sa main entière soit prise de cet étrange maladie...
Mais le déserteur de Konoha fut stoppé dans ses réflexions par un shuriken qui frôla son visage. Il se retourna à toutes vitesses... Et découvrit quatre des sept mercenaires qu'il avait recruté pour sa tentative d'assassinat de l'Hokage. Sabre, marteaux, dagues... Tous étaient armés. Celui qui semblait être le chef s'avança, une hache à la main, et rugit :
"Toi ! Tu nous avais promis une renommée mondiale, tu nous avais promis des centaines de tonnes d'or ! Tu nous avais promis le succès et l'abondance... Mais au lieu de cela, la moitié d'entre nous a était tué ! Les autres sont à jamais défiguré... Regarde nos faces déchiquetés par les cicatrices, nos bras manquant, nos épaules tordus ! Et nous n'avons perçu aucun argent... Pour cet affront... Tu vas périr aujourd'hui !"
Saruwatari rit. Il ne ferait qu'une bouchée de ces malfrats. Et un petit combat lui ferait du bien.
Un rictus sadique affiché sur son visage, il prit appui sur un arbre et... Bondit à toutes vitesses vers les mercenaires, coup de poing paré. Mais avant qu'il ait pu écraser la face d'un de ses adversaire et le mettre knock-out, il sentit de l'acier glisser sur son dos... Et son sang jaillir. Qu'est-ce qu'il s'était passé ? Il n'avait pas réussit à anticiper l'attaque... Apeuré, il s'évada de la mêlée. Peut-être ces bons à rien n'étaient-ils finalement pas si nuls que ça... Bah, ils ne pourrait rien faire contre des techniques de ninjutsus !
Saruwatari enchaîna les différents signes, malaxant son chakra avec habileté.
"Ninpo : Rairyuu no Tatsumaki !"
...
Rien ne jaillit. Aucun dragon, aucun tonnerre. S'attendant à quelque chose de puissant, les mercenaires patientait, prêt à la défense. Mais rien ne se passait. Saruwatari sentit une étrange sensation sur ses bras... Il les fixa, puis découvrit avec horreur... Qu'ils étaient devenus aussi noirs que l'ébène ! Et il comprit.
Cette putain de bague l'empêchait de combattre avec tout ses sens en éveil. Cette putain de bague lui absorbait son chakra. Cette putain de bague allait le tuer.
L'Inuzuka abandonna toute tentative de se battre. Écrasé par des insectes... Une sensation plus qu'horripilante. Mais il n'avait pas le choix. Les anciens salariés s'avancèrent vers leur mauvais patron, une certaine joie dans leurs yeux. Puis l'un d'eux tomba en hurlant. Les trois autres se retournèrent vers la cadavre, surpris. Là, au milieu de la mêlée, penché sur la gorge de leur camarade mort... Un chien noir comme la nuit.
Sauvé deux fois. Saruwatari devait désormais beaucoup de choses à son compagnon. Ils passèrent la nuit ensemble, Yoshikuni montant la garde. L'Inuzuka ne pouvait se permettre de se battre. Et la damnée maladie continuait à le ronger. Il n'avait plus d'autre choix... Il devait revenir à l'Akatsuki.
Trois mois. Trois longs mois sans ressentir la joie procuré par un assassinat d'une personne importante. Trois longs mois sans se délecter du sang des Oi-nins coulant sur ses mains. Et la bague était redevenu normal. Comme si rien ne s'était passé.
Saruwatari lança à son chien un regard complice. Les deux déserteurs de Konoha... Étaient de retour.