Un zéphyr emporta sur son passage une multitude de petites feuilles jaunies qui ne tenaient plus aux épaisses branches des arbres. Dans ce courant d’air qui s’en allait vers le Sud, un groupe de six machaons noirs battaient gracieusement leurs ailes dans la direction inverse du vent. Ils semblaient connaître leur chemin et leur objectif. C’est après avoir perdu de l’altitude qu’ils se posèrent sur les cinq doigts de la main gauche blanche d’une jeune femme. Celle-ci, d’une allure hautaine et d’un regard rouge flamboyant, restait de marbre à l’arrivée de ses papillons. En effet, bien qu’ils y ressemblaient, ce n’était pas des insectes nés de Dame nature. Faits de Chakra, ils étaient semblables à des marionnettes en puissance. Le sixième papillon qui ne put se poser sur un de ces doigts se déposa sur son épaule. Quelques heures auparavant, elle en avait envoyé le double à la recherche d’informations à propos de ce traître du nom de Shinigami. Il appartenait à l’Akatsuki et il avait décidé de déserter l’organisation pour une raison que la demoiselle ignorait. Afin d’aider son chef, elle s’était portée volontaire pour lui rapporter des informations supplémentaires. Tandis que les créatures envoyaient au système nerveux de leur maîtresse ce qu’ils avaient vu et entendus, la dénommée Haruna ferma les yeux et inspira l’air frais qui pénétra aussitôt dans ses narines. Il y avait un léger parfum sucré de la nature qui lui donnait envie de rester ici. L’ambiance sinistre de la grotte de l’organisation ne lui plaisait pas en ce moment et de plus, le temps était parfait à l’extérieur. Deux minutes plus tard, les papillons de chakra se dissipèrent comme par magie et laissèrent leur créatrice d’humeur glaciale. Elle n’avait rien appris de nouveau…le déserteur était toujours situé dans un périmètre qui n’était pas assez précis pour le capturer en peu de temps.
Soupirant de nervosité, elle s’avança un peu plus vers la forêt qui s’offrait à elle. La végétation était luxuriante et riche en créatures ; c’était en partie elle qui s’occupait de cela lorsqu’elle en avait le temps. Avec le soutien de la nature, elle avait fait fleurir une grande quantité de fleurs afin d’enjoliver le paysage qu’elle apercevait chaque jour en se levant. La belle s’était arrangée pour que ses appartements contiennent plus de trois fenêtres qui lui permettaient d’évacuer l’odeur grotteuse de l’endroit. D’ailleurs beaucoup de parfums à arôme différents trônaient ses étagères. Personne n’avait le droit d’y toucher à part elle et celui qui oserait enfreindre cette règle n’en sortirait jamais indemne. Ceci était une chose qu’elle détestait ; qu’on touche à ses affaires sans sa permission. Mais quand on la connaît bien, on s’aperçoit qu’il est rare qu’elle donne l’autorisation que des gens puissent toucher ses objets avec leurs mains sales de faibles. Alors qu’elle comptait s’approcher de plus en plus vers un chêne, elle s’abaissa lentement et cueillit un coquelicot qui était symbole du bonheur, de la joie et de la vie. Elle avait apprit le symbole de chacune des fleurs dans un livre acheté il y a bien des années. On raconte que la première fleur sur laquelle on tombait nous donnait une idée sur ce que l’avenir préparait. Si on se fiait à cela, Haruna pourrait en déduire qu’elle connaîtrait le bonheur et la joie ? Elle ne pouvait pas le croire. Jamais elle n’avait connut le bonheur lors de sa plus petite enfance jusqu’à maintenant. L’enfant n’avait connut que la haine, le désir de vengeance et l’envie de faire souffrir. Cependant, elle ne pouvait pas dire ‘jamais’ puisqu’il y eut en effet, une mince période où une petite lumière avait éclairé son parcours obscur. Une fine lumière qui avait disparut et qu’elle n’avait pas recherchée à cause de cet avenir de criminelle. Cette lueur d’espoir s’était éteinte le jour où elle avait tué son pitoyable cousin, le jour où elle donna l’illusion d’être morte et également le jour où elle intégra la lune rouge. Ce n’était pas un passé qu’elle aimait souvent évoquer mais sa vie lui plaisait.
Cette haine et ces mauvais moments avaient été horribles mais l’avaient renforcée au maximum et lui avaient attribué du pouvoir et de la puissance. Ceux qui tentent de vivre dans la joie de vivre et à travers le courage et la détermination finissent toujours par être faibles. Toutefois, peut être disait-elle cela parce qu’elle n’avait pas d’objectif précis dans sa vie hormis l’envie de montrer que ses arts étaient meilleurs que ceux de Deidara ? Non, il lui était difficile de comprendre les gens déterminés à tout sacrifier pour une aspiration. Elle se contenterait d’exécuter les ordres du supérieur, de torturer les rebelles et de tuer afin de faire couler le sang et ramener ainsi la paix recherchée par l’Akatsuki. Haruna aperçut un petit trou dans l’écorce de l’arbre et y déposa soigneusement le coquelicot. Ce dernier ne lui ferait certainement pas connaître la joie. Aucun changement ne serait toléré de sa part ; sa vie lui plaisait telle qu’elle était et rien d’indésirable ne devait bouleverser sa routine. S’engageant vers un sentier à l’Est, elle sentit les feuilles des arbres être secouées par le vent et certaines tombaient au sol. La jeune femme ignorait pourquoi elle marchait par-là mais c’était sûrement à cause du fait qu’elle était perdue dans ses pensées et que le décor l’aidait à redescendre sur Terre. Quelques minutes plus tard, elle n’apercevait presque plus le repère où elle vivait mais cela ne l’inquiétait pas vraiment. Que pouvait-il arriver à cette demoiselle qui connaissait la forêt par cœur et qui était située sur son terrain par prédilection ? Absolument rien. Néanmoins, quelque chose troublait son esprit…effectivement, sa conscience avait l’impression qu’elle ne serait pas seule et qu’une présence s’approchait. Était-elle malsaine ? Impossible à déterminer mais quoi qu’il arrive, la brunette était prête et s’attendait à toutes les situations possibles. Il ne fallut pas plus de dix minutes pour que les deux présences ne se retrouvent parmi cette énorme forêt qui s’étendait sur plusieurs kilomètres. L’apparition eut le don d’attirer le regard rouge et froid de notre héroïne. Cette dernière ne connaissait pas cet inconnu ou peut être ne s’en rappelait-elle pas. De toute façon, peu importe qui il était puisqu’il venait d’entrer dans un territoire qui lui était interdit.
Au même moment, un faucon venait de s’envoler vers la direction d’où venait l’homme. Il était certain qu’il allait prévenir ses amis de sa trouvaille mais cela laissait quand même la jeune femme de marbre. Il avait beau paraître être quelqu’un de fort à ne pas sous-estimer, il ne l’impressionnait pas pour autant. Afin de connaître sa provenance, la criminelle remonta le regard vers son bandeau métallique. Konoha…le village caché du feu. Il n’était sûrement pas venu pour elle alors puisqu’elle était une déserteuse de Kiri. Elle désirait retourner à ses occupations et ignorer cette apparition qui était certainement là pour Itachi. Celui-là n’était vraiment pas discret et osait même visiter Konoha sans agir. Mais ce que réservait l’avenir dans quelques secondes allait être contraire de ce que la brune pensait. En effet, l’homme en question venait d’ouvrir la parlotte d’une façon étrange et suspecte. La décrivant parfaitement puis mentionnant son nom en utilisant un infâme suffixe d’affection, il venait presque de détruire l’image indifférente de Haruna. Celle-ci venait d’ouvrir légèrement la bouche à l’annonce de son prénom. Ainsi donc, il l’a connaissait et pourtant cela n’était pas réciproque. Elle ne se souvenait pas d’être inscrite sur un quelconque bingo book de Konoha ou d’un autre pays. Qui d’autre aurait donc pu entendre parler de la Princesse des Papillons et connaître son prénom ? Peut être quelques villageois mais il était étrange que son identité puisse s’étendre jusqu’au village du feu. Malheureusement, elle n’avait pas le temps de chercher une réponse claire à cette question puisque l’inconnu poursuivit ce qu’il avait à dire. La suite fut beaucoup plus intriguante, incroyable et effrayante qu’elle ne l’imaginait. Il venait d’oser de lui imposer un dilemme ; celui d’attendre patiemment que son frère n’arrive et celui de se rebeller et, en quelques sortes, entamer un combat. En réponse de cela, Haruna soupira ; qu’il était ennuyeux de vouloir s’en prendre à elle alors que la journée s’annonçait pourtant parfaite.
Ramenant sa main à son col, elle le remonta un peu afin de cacher son tatouage qui avait dû la trahir. A ce moment-là, elle regretta de ne pas avoir demandé à son tatoueur d’inscrire l’insecte un peu plus bas pour qu’il soit facilement dissimulable. Enfin bref, ce n’était pas tout ; le Konohajin ajouta quelque chose qui insinuait qu’elle devait se souvenir de lui… de son frère et que lui ne l’avait pas oublié. Qu’est-ce que cela signifiait ? Jamais, elle n’avait vu cette personne alors comment pourrait-elle connaître son frère ? Elle eut les réponses à ces interrogations quelques petites secondes plus tard. Oui, la main de ce ninja de Konoha se transforma carrément en feu. La jeune femme connaissait l’affinité de ce village mais il ne lui semblait pas que cette capacité ne soit fréquente. Puis, elle eut un flash…cela lui rappelait quelque chose de bien lointain. Cela remontait à si longtemps…il y a plusieurs années de cela lorsqu’elle n’était qu’une gamine avide de puissance qui vivait avec sa défunte grand-mère. Elle avait rencontré un garçon doté de ce même pouvoir de flamme quand elle était venue à Konoha pour son examen Chuunin. Son flash prit fin et lui remémora une bonne partie de ce passage. La brunette prit soudain une autre expression de visage plus nerveuse et sceptique. Elle avait fait son choix alors pourquoi ces deux frères avaient décidé de venir la voir dans cette forêt ?! Il fallait qu’elle donne une réponse mais l’hésitation était tellement présente qu’il lui fallut du temps pour réfléchir. Bien qu’elle aurait préféré qu’il en soit ainsi, elle ne pouvait pas ignorer ce morceau de passé alors il était indubitable qu’elle n’attende ici. Il n’y avait aucune autre alternative à son plus grand embarras. Ce n’était pas tous les jours qu’elle devait prendre une décision qui impliquerait son histoire et ses émotions. Non, ce qu’elle ressentait avait disparut avec le temps et cela ne changerait en rien son futur. Ce coquelicot n’avait pas le droit de changer sa vie. D’une voix sereine mais légèrement froide, elle répondit :
« - Je pense que je n’ai pas le choix si l’on veut éviter toute embrouille pour le moment. Je vais attendre l’arrivée de ton frère. »
Quelque chose au fond de sa gorge l’avait empêché de prononcer le prénom de celui qui n’allait pas tarder à arriver. Il était certain que le faucon allait l’avertir. Combien de temps cela prendrait de Konoha jusqu’en ce lieu ? Elle l’ignorait mais tout ce qu’elle désirait était de ne pas attendre non plus une éternité puisqu’elle avait d’autres chats à fouetter. En attendant, elle restait debout contre un arbre, immobile. Tout ce qu’elle pouvait faire était d’observer les alentours et respirer. Elle trouvait inutile de continuer la discussion. Aujourd’hui, elle n’avait pas envie d’être prolixe à moins que le sujet ne l’intéresse.