C’était un matin presque normal au clan Kamikura. Mis à part le fait que tout le clan avait été réveillé et mis en alerte. Des femmes s’agitaient dans tous les sens et certaines, les plus valeureuses, avaient déjà repris leur tenue de combat et se précipitaient vers la porte où apparemment se déroulait quelque chose d’inhabituel. C’est ainsi que Kagami fut réveillé au petit matin. Heureusement qu’il avait prévu le coup et mis des bandages et des coussinets sur sa poitrine pour masquer l’absence d’un atout féminin essentiel ! Il avait pris l’habitude de le faire juste dans le cas où quelqu’un débarquerait pendant la nuit… Même si un assassin se présentait, il fallait qu’il soit une « fille ».
Après que la jeune messagère – une de ses innombrables cousines – lui ai fait part de ce qui se passait à la porte principale, Kagami avait alors envoyé la messagère avertir sa grand-mère de sa présence rapide. La jeune femme partie, Kagami soupira et se leva. Il commença par défaire ses bandages qui l’empêchaient de bien respirer et soupira d’aise en les jetant au sol, dévoilant ainsi pour les quatre murs qui le protégeaient un corps svelte et androgyne. Kagami faisait toujours bien attention de se raser partout. Il était content d’être japonais car sa pilosité était très discrète et cela l’avantageait. Bien sur, il se rasait quand même tous les jours. Sa poitrine était ferme et élégante, un long trait fin courant le long de sa poitrine jusqu’à son ventre et, au-dessus de son pantalon, on pouvait voir les traits de ses hanches fines qui tombaient délicatement. Sur son épaule gauche, une cicatrice profonde s’étalait, fière et arrogante. Cicatrice faite alors qu’il venait à peine de voir le jour… Preuve qu’il avait bien été victime d’une tentative d’assassinat de la part de sa propre grand-mère… sa mère devait avoir la même cicatrice sur la main, elle qui l’a protégé de tout son être…
Le garçon s’étira et fit quelques exercices matinaux. En tentant de voir ses fesses, il se demanda s’il ne devrait pas faire quelques abdos fessiers ? Ou alors devrait-il prendre sa douche en slow motion, même si cela prenait un temps pas possible ! Puis, se ravisant des bêtises qu’il disait, il alla dans la salle de bain se préparer. Et comme tous les matins, il soupira devant tout le travail qu’il devait faire pour paraître « belle » aux yeux du clan. Doucement, il attacha ses cheveux et s’observa dans le miroir. Sa peau était lisse, donc tout allait bien, mais on ne savait jamais… Il prit du fond de teint et l’étala sur son visage jusqu’à ce qu’il soit satisfait. Il fallait le dire, Kagami était l’une des personnes les plus douées en maquillage de toute la région. Lorsqu’il eut fini, il vérifia ses sourcils, se brossa les dents, ajouts un peu de fard à paupières – très légèrement –, puis un peu de gloss pour réduire la couleur de se lèvres bien trop rouges carmines naturellement, les rendre plus roses, mais ne pas les rendre ternes… Une fois le résultat fini, il fut satisfait et s’écarta. Ravi du résultat, il sortit de la salle de bain, reprit les bandages et les coussinets qu’il rangea soigneusement pour les laver plus tard et prit, sous un panneau du tatami, une autre paire de bandages et de coussinets. Il les remit en place et s’occupa doucement de les enrouler autour de lui. Soupirant lorsqu’il eut terminé, il se dirigea vers la fenêtre qu’il ouvrit, laissant le soleil entrer dans la pièce.
Il s’écarta alors et marcha jusqu’à sa garde-robe. Il y trouva maints kimonos de différentes couleurs et Kagami hésita. Au vu de la situation et puisqu’il est l’héritier, le mieux est sa tenue de combat… Il acquiesça, déçu de devoir dire au revoir à tous ces kimonos pour la journée et prit sa tenue de combat. Il enfila d’abord le haut noir qui s’avéra être moulant, brodé de motifs de cerisiers bleu marine. Il remonta doucement les manches bleus transparentes qui tintaient de toutes les petites clochettes accrochées au bout. Il les bloqua à l’emplacement prévu et sauta deux fois sur place pour voir si elles tintaient encore. Entendant que non, il sourit et s’attaqua au reste de l’habit. Il accorda du temps à remonter les deux longues traînes dont deux clochettes sont cousues au bout, pour accrocher les deux clochettes à son dos. Il regarda alors le reste de la tenue et faillit s’étouffer en voyant une mini-jupe à la place de son pantalon traditionnel.
- Mais… Grand-mère !!
Il savait que la vieille femme lui avait encore fait ce coup ! A combien de fois n’a-t-elle pas tenté de le travestir ! Il avait été victime des goûts de sa grand-mère pendant toute son enfance – passant par des mini-jupes, des bas et des talons hauts, des décolletés, etc… - et depuis qu’il lui avait fait comprendre qu’il refusait de se rhabiller comme ça, la vielle femme faisait tout pour qu’il porte les habits qu’elle avait choisi. Mais, connaissant la technique de contre, Kagami s’écarta et ouvrant un panneau secret sur le mur, en sortit une paire de pantalons noirs aux motifs de cerisiers bleus également dessinés dessus. Il l’enfila et referma tous les compartiments de la pièce avant de sortir de sa chambre. A l’extérieur de cette dernière, il trouva des gettas qu’il mit et marcha délicatement en direction du bureau de sa grand-mère.
Toutes les femmes qui le croisaient la trouvaient magnifique, comme à son habitude et la saluaient, l’air grave et craintif. Elle était quand même le symbole de toutes les guerrières du clan. Toutes la respectaient avec dévotion et seraient prêtes à se sacrifier pour elle. Tel était l’honneur des Kamikura. Mais Kagami s’en importait peu. Il ne voulait pas de ce titre « d’héritière ». Il l’aurait échangé contre simplement le fait d’avoir un ami… Un vrai ami ! Non pas un ami qui vous sort « Votre grand-mère m’a demandé d’être votre amie et je vais le devenir par son souhait ! Je suis payée pour cela ! ». Cette femme l’avait simplement mis hors de lui alors qu’il n’avait que huit ans… Il avait alors compris que jamais il ne pourrait avoir de vrais amis dans son clan… mais peut-être ailleurs… L’année prochaine, il pourrait avoir une petite maison, éloignée de la ville de Konoha, mais il aurait son chez lui… Et il pourrait visiter la ville et voire de lui-même ce qui était différent de son clan ! Peut-être trouverait-il des amis, des vrais ! Qui sait…
Il arriva soudain devant une porte et s’agenouilla pour l’ouvrir. Entre habitués du clan, nul ne peut ouvrir la porte du bureau de sa grand-mère à l’exception de la servante attitrée à ce poste, de sa mère et de lui.
- Shitsurei shimasu.
Il entra doucement, refermant la porte coulissante derrière lui. Sa mère était déjà là, en kimono officiel. Elle n’avait pas revêtu sa tenue de combat, car, il faut le dire, elle ne se bat plus. Plus depuis qu’elle a donné naissance à son fils et que sa main s’est faite transpercer par le kunai aiguisé de sa mère. Sa main était morte, comme paralysée. Elle pouvait la bouger, mais elle ne ressentait rien, elle ne pouvait donc pas saisir de lourds objets ni de trop légers de peur de les lâcher. Sa dite main était aujourd’hui cachée par des bandages sous son kimono et la femme sourit à son fils en le voyant. Elle lui acquiesça ensuite et il s’approcha. Il se mit à genoux à côté d’elle pour observer sa grand-mère.
Cette dernière se tenait devant eux, leur tournant le dos, à genoux et les yeux fermés. Sur le mur devant elle se dressait une immense estampe représentant la demeure familiale. Cela avait toujours impressionné Kagami. Il y avait partout des images, des dessins de la demeure familiale ou des environs, en général des terres du clan, mais il n’avait jamais vu une seul peinture des membres de la famille. En général c’était des petites photos transmisses entre membres du clan, mais jamais de vraie peinture d’un membre important du clan comme Miuka, leur ancêtre ou bien même de sa grand-mère…
Une messagère apparut soudain sur le côté de la fenêtre, tenant le rebord et l’air grave.
- Je vous rapporte la situation aux porter, Hime-sama.
La grand-mère ouvrit alors ses yeux couleur saphir sous une cascade et observa la peinture, l’air sévère.
- Toujours la même situation ?
- Oui, Hime-sama… Nous avons toujours Iori Morisato, leader des Yakusas de toute la région devant nos portes qui réclame audience…
- Et il réclame audience ici, dans la demeure familiale, c’est cela ?
La messagère inclina sa tête positivement vers l’avant, désolée de la réponse.
- Oui, Hime-sama… Nous lui avons fait comprendre qu’aucun homme n’a le droit d’entrer ici et qu’il devrait vous attendre dans le pavillon des hommes ou Horan-san s’occuperait de le faire patienter, mais il n’a rien voulu savoir et réclame votre présence au plus vite…
Un moment de silence s’installa et Kagami s’étonna du toupet de l’homme. Jamais aucun être masculin n’avait osé faire un tel scandale auparavant… Il se demandait comment allait réagir la patriarche de la famille… Cette dernière ne dit rien un temps, observant la peinture sans un mot. Puis finalement elle se leva et Kagami et Nowa s’inclinèrent, les mains sur le tatami et le visage contre elles. La patriarche se retourna soudain, allure noble sur tatami ancestral et visage ferme, sévère.
- Qu’un individu pareil ose se manifester à nos portes est déjà un acte intolérable. Mais oser quémander quelque chose qu’il n’aura jamais est inadmissible ! Je m’en vais le lui dire de ce pas et si ce rustre ne comprend pas la manière noble de notre clan, il le comprendra par la force !
Et elle s’avança dignement dans la pièce en direction de la porte. Dès qu’elle les eut dépassés, Kagami et sa mère se levèrent et la suivirent. Nowa, au passage, saisit un katana tendu par une servante et le ceintura fermement. Elle espérait s’en servir de sa main valide si besoin était. Les servantes et autres descendantes du clan qui les voyaient passer, s’inclinaient avec respect et crainte. Les trois plus hautes têtes du clan allaient régler un problème imminent et cela leur réchauffait leur cœur de voir un clan si uni. Oui ce clan était la perfection à leurs yeux et elles en faisaient partie, elles faisaient partie du cercle de la vie et rien ne les rendait plus fières ou plus fortes !
Une fois arrivées devant les portes, les gardiennes firent coulisser ces dernières, laissant la place au soleil qui illumina le pas des trois femmes qui se mirent sur le palier observant ce qui se passait. Et là, la patriarche du clan put poser ses yeux azur sur Iori Morisato dans toute sa splendeur ; ce dernier était un homme élancé faisant au moins une bonne tête de plus que Kagami, il était vêtu d’un yukata aux motifs colorés rouges, jaunes, verts et bleus, rappelant le printemps et la nature à l’état sauvage. Ce qui le représentait bien en somme ! Son bras droit pendouillait paresseusement dans la manche de son kimono tandis que de son bras gauche tatoué aux motifs de son organisation, il se faisait de l’air avec un éventail que Kagami semblait reconnaître mais ne savait pas exactement d’où. Ses yeux bruns foncés semblaient refléter une malice et une conviction que lui seul savait contenir, à la fois audacieuse et libertine. Ses fins cheveux courts, couleur marron au soleil, se balançaient au gré du vent produit par le dit éventail rouge.
La vieille femme n’en fut pas émue pour autant. Elle connaissait les hommes et leurs malices, alors elle en était immunisée. Nowa elle, failli siffler d’admiration devant cet homme qu’elle jugeait être un apollon pendant que Kagami restait perplexe… Il lui rappelait vaguement, mais alors très vaguement quelqu’un… La vieille femme prit appui sur une canne tendue par une petite fille du clan qui avait couru le lui apporter et releva le menton, l’air impassible.
- Les Yakusas ne sont pas les bienvenus ici, Morisato. Si c’est important, je te prierais d’attendre au pavillon des hommes, comme conseillé… Ou de rentrer chez toi si cela ne te plaît pas, mais en aucun droit tu n’entreras dans cette demeure.
L’homme l’observa un temps, puis poussa un rire qui déstabilisa les femmes aux alentours qui le surveillaient prêtes à l’attaquer si besoin était. Mais son rire était franc et agréable à entendre. D’un geste, il referma l’éventail avec sa main libre, puis se gratta la tête.
- Je ne ferais pas long, Shizuka, promis ! Désolé de débarquer à l’improviste, héhé, mais je suis venu récupérer ma future épouse !
Nowa et bien d’autres femmes ouvrirent de grands yeux à l’annonce de l’homme en se demandant qu’elle était la folle du clan à avoir pu taper dans l’œil de ce malfrat. Kagami fronça les sourcils alors que cet éventail et cet homme lui rappelaient toujours quelque chose, mais sa mémoire semblait absente. Etrange, il a pourtant une bonne mémoire d’habitude… Shizuka, sa grand-mère, ne se laissa pas emporter par ses réflexions, au contraire et raffermit la poigne sur sa canne, l’air ferme avant de continuer.
- Tu ne manques pas d’air dis-moi, Morisato… Oser m’appeler par mon prénom me donne déjà envie de te tuer… Alors réclamer quelque chose que tu n’as pas pu avoir me met hors de moi…
A ses mots, les autres femmes mirent la main sur leurs armes respectives, prêtes à attaquer. Mais de loin pas intimidé, l’homme reprit son rire et s’inclina devant la vieille femme, offusquant ainsi toutes les ninjas présentes.
- Oh quel terrible manque de tact de ma part, Shizuka-chan ! Pardonne-moi donc, oh grande Shizuka-chan. Gomene, gomene, Shi - zu - ka - chan…
Certaines femmes s’apprêtaient à se lancer sur lui, furieuses contre le manque de politesse de l’intrus, mais s’arrêtèrent alors qu’elles virent clairement une aura noire entourer Nowa . Cette dernière serra les dents et s’avança de deux pas, sa main valide sur le manche du katana.
- Mesure tes paroles et tes actes Iori ! Ma mère te connait depuis qu’on t’a changé les couches la première fois ! Elle était déjà la maîtresse des lieux alors que tu bavais et pleurais dans les bras de ta mère, alors je t’interdis de lui manquer de respect !
L’homme ne broncha pas, puis lui lança un sourire malicieux, avant de s’incliner doucement.
- Tu as raison… C’est vrai qu’elle est vieille…
- Pourrais-je savoir qui serait ta future épouse ?
La voix tranchante et assassine de Shizuka fit taire toute l’assemblée qui était déjà prête à fondre sur celui qu’elles prenaient pour leur proie. Iori ferma les yeux, attendant ce moment avec impatience, puis posa l’éventail contre ses lèvres.
- Celle qui m’a laissé cet éventail…
Kagami eut un sursaut soudain en se rappelant finalement ce cet éventail et de la personne à qui il appartenait… Il chercha de son regard dans l’assemblée et soudain trouva une jeune femme, assez séduisante avec des magnifiques cheveux turquoise. Cette dernière croisa son regard aussi, l’air un peu inquiète. Kagami lui indiqua de venir ce qu’elle fit le plus rapidement possible. Nowa et Shizuka, sans trop bouger les laissèrent faire, prêtes à écouter la conversation. Une fois à proximité, elle sauta et atterrit près de l’héritière, mettant un genoux à terre, signe de fidélité. Kagami l’observa alors, une goutte de sueur sur le visage.
- Chizu, ce ne serait pas ton éventail ? Tu l’avais quand nous sommes allées en ville Il y a deux jours, non ? Je m’en souviens parfaitement !
- Oui, maîtresse, c’est bien le mien, mais…
La jeune femme semblait confuse et hésitait à dire la suite, de peur de blesser quelqu’un, mais finit par lâcher presque en un murmure…
- … Mais je vous l’avais prêté pour la soirée une fois en ville…
- Na-Na-Nani ?
Kagami se raidit d’un coup alors que le visage de Nowa devenait interrogateur. Il fallait qu’il se concentre pour ne pas se laisser aller… Il y a deux jours, il y a deux jours… C’était une chaude journée, il s’en souvenait car la chaleur était même presque désagréable… Et Kagami avait décider d’aller en ville. Sa grand-mère, inquiète pour lui ou pour une autre raison connue d’elle seule, lui ordonna d’emmener la jeune Chizu afin de garantir sa sécurité. Il alla donc récupérer la jeune femme qui était étendue sur le toit, des concombres sur les yeux et s’éventant avec un magnifique… Eventail rouge. Elles prirent toutes les deux la direction de la ville et, une fois arrivées, Kagami et Chizu se mirent d’accord pour se séparer. Inutile de rester ensemble alors qu’il n’y a pas vraiment de danger… Et c’est là qu’avant de partir… Chizu lui confia effectivement son éventail.
Kagami ouvrit de grands yeux face à ce souvenir et observa alors Iori qui lui sourit. L’homme élancé lui avait jeté un regard tendre avant de refermer les yeux, puis de les rouvrir pour lui lancer l’éventail que Kagami prit à la volée par réflexe. Avec ce geste, plus aucun doute ne subsistait dans l’esprit des femmes du clan… Tous les regards se posèrent soudain sur l’héritière et cela le perturba. Il détestait être le centre de l’attention, mais alors là, il n’aimait pas du tout, du tout se trouver dans ce genre de situations… Surtout le regard de sa mère et de sa grand-mère le mettaient super mal à l’aise.
- Euh, commença le garçon, très nerveux… Hehe… Mmh euh… Je… Pas… Vous croyez… Euh… Je…
Nowa le regardait bizarrement, commençant à transpirer et se parla plus à elle-même qu’à Kagami.
- Oh non… A force de l’avoir travestit le pauvre, il est passé de ce bord-là… Je suis tellement désolée Kagami… Mon petit bout de chou est gay… C’est ma faute ? Oui sans doute…
Et elle continua à se parler à elle-même, perdue dans son monde. Pendant ce temps, sa grand-mère exprima enfin un semblant de surprise, levant un sourcil. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas vu d’émotions sur le visage de sa grand-mère, mais dans ces circonstances…
- Il est vrai que je t’avais demandé de te choisir un fiancé, murmura-t-elle… J’ignorais juste que tu irais jusque-là…
Kagami balança les mains devant lui, totalement paniqué. Il ne voulait pas que toutes les femmes sachent qu’il était gay ! Enfin non pas que l’appellation le dérangeait. Il était bisexuel, cela ne le dérangeait pas ! Mais le problème est qu’il était pudique alors dévoiler ainsi sa sexualité c’est briser sa vie !
- Euh, maman, grand-mère, tout le monde ! On se calme ! Pas de conclusions hâtives ! Je ne me rappelle pas l’avoir déjà rencontré moi ! Cet homme ment peut-être !
Iori leva un sourcil et mit sa main sur sa hanche.
- Si je mentais, est-ce que je saurais que t’as une tâche de naissance sur ta cuisse vers ta… fente ?
L’homme avait hésité un moment à dire un autre mot, brisant ainsi un lourd secret mais s’est retenu juste à temps. Tous les regards se posèrent à nouveau sur Kagami qui rougit furieusement. Ne sachant plus où se mettre et désirant uniquement se réfugier dans un abri anti-atomique pour y pourir lentement, il resta à la même place, sans bouger, totalement rougit. Shizuka comprit la situation, car l’homme ne lui avait pas parlé du sexe de Kagami. Ils n’avaient donc pas pu aller bien loin… Mais comment savait-il pour la tâche de naissance ? Etais-ce un pervers qui reluquait sous les jupes des filles ? Probablement… Mais il fallait le mettre au clair… Bien sur, pas ici, les oreilles sont trop nombreuses pour certains détails… Elle toussota doucement et se tourna vers Iori, le même air blasé s’affichant sur son visage.
- Toi, tu me suis dans le jardin, j’ai quelques questions à te poser… Il y a trop d’oreilles indiscrètes ici… Sois reconnaissant à Ka ga mi, tu es le premier homme à entrer dans les jardins avec le consentement du clan… Nowa, Ka ga mi, il faut qu’on parle, vous venez aussi… Surtout toi, Ka ga mi…
Shizuka avait pris la peine de bien articuler le nom de l’héritière afin que cette dernière comprenne qu’elle était dans un état post apocalyptique. Elle allait sans doute exploser mais elle ferait plus de dégâts qu’une bombe atomique si elle n’obtenait pas plus d’explications… Tchernobyl et Hitler n’était rien à côté d’elle… Kagami baissa la tête, cachant ses yeux et murmura un tout petit mimi « hai » avant d’enchaîner le pas de sa grand-mère, suivi par sa mère qui ne cessait de jeter des petits regards chauds à Iori. Iori vit Shizuka le devancer, il attendit que Kagami soit à sa hauteur et se mit à côté de lui pour avancer. Kagami lui jeta un regard noir, des larmes de honte au coin des yeux et se promit que si l’homme le touchait, il le mordrait ! Sa mère les regardait faire et fut impressionnée par le dos de Iori, souriant doucement, acceptant ce qu’était son fils.
Après avoir marché un bout, Shizuka prit une clé dans sa poche et la sortit pour ouvrir un grillage qui menait à un jardin presque oublié. Les arbres avaient bien grandit depuis le temps. Kagami se souvenait arriver à leur taille il y a quelques ans et maintenant, ils faisaient au moins un mètre de plus que lui… Les fleurs poussaient en groupe tout autour d’eux et seule la route pavée montrait que c’était un jardin et non pas un endroit sauvage. Ils arrivèrent bientôt sur une petite place bien entretenue ou une place de pierre sur laquelle des dessins furent ajoutés se dressait. Tous s’installèrent en rond de façon à pouvoir s’observer. Nowa aida sa mère à s’asseoir et cette dernière posa sa canne au sol.
- Bon, maintenant que nous sommes seuls car j’ai refermé derrière moi la grille, je veux des explications. Iori, dis-moi tout. Jusqu’à quel point tu l’as tripotée ?
Nowa sembla fort interessée de la situation et tapota du coude Kagami qui était en train de mourir de honte, toujours la tête baissée.
- J’espère au moins que c’était bien, mon chéri, murmura-t-elle doucement alors que Kagami lui grogna doucement dessus…
Le garçon semblait vouloir partir et mourir dans un coin alors qu’on le forçait à écouter des choses qu’il ne se souvenait presque pas ! Iori, lui, l’’observait avec attention, puis rit, attirant l’attention de tous, même du garçon.
- On va dire que s’il avait été réellement une femme, il serait enceinte en ce moment !
Kagami avait des yeux comme des soucoupes et se leva totalement rougit et mort de honte pour de bon.
- N-N-N-N-N’importeqwa, temyaro ! Je ne me rappelle pas m’être fait passer dessus, moi !
Iori ouvrit de grands yeux à son tour et se leva, indigné. Nowa mit la main sur la bouche.
- C’est cruel de lui dire ça, Kagami, murmura-t-elle, des larmes de douleur pour Iori au coin des yeux…
- Comment ça, tu te rappelles pas, teme, hurla-t-il de sa voix un peu rockeuse ?! Je te rappelle pour mémoire que tu t’étais bourré au bar et que, lorsque j’ai essayé de te tripoter, TU m’as embrassé !
- C’est pas vrai, hurla le garçon au bord des larmes !
- Si ça l’est ! Le lendemain tu en avais tellement pris que tu n’arrivais presque pas à marcher ! Tu peux le demander à Chizu et à un de mes hommes de main qui te surveillait de loin pour voir si tu allais bien !
- C-C-C’est pas…
- Dois-je te rappeler ce que tu as dit juste après ?
Kagami fronça les sourcils, et releva son regard pour l’encrer dans celui de l’homme en face de lui. Qu’est-ce qu’il aurait pu dire ?
- Onegai, commença Iori avec une voix plus fine… C’est ma première fois avec un homme… J'avais essayé de tripoter une fille une fois dans la salle d’eau chaude qui…
- TAIS-TOI, hurla le garçon en pleurant littéralement de honte !!!
Sur le coup il se souvenait de ce qui s’’était passé le soir… Effectivement, il avait croisé Iori en ville qui lui avait offert un verre… Puis, il ne se souvenait plus trop, mais Iori l’avait emmené dans sa chambre et là… Iori avait percé à jour son secret… Kagami avait alors tenté de le tuer ce qu’il aurait pu faire, mais bizarrement, il s’était senti attiré par lui et au lieu de l’étrangler avec les traînes de ses habits, l’avait effectivement embrassé… Il voulait savoir quel gout il avait exactement… La dernière chose dont il se rappelle, c’était Iori qui l’allongeait sur le dos, défaisant son kimono, son visage près du sien qui lui disait « Une fois que j’en aurais fini avec toi, tu ne pourras plus te relever… ». Le reste était vraiment trop hot et trop indiscret pour qu’il le partage avec sa famille, mais effectivement, il lui avait raconté son passé, ses craintes et ses expériences sexuelles… Donc, en résumé, oui il avait couché avec lui…
Il s’accroupit sur le sol et commença à faire des dessins avec son index sur le sol pavé, se jurant de plus jamais boire… Nowa, elle, se leva et posa une main sur son épaule, observant le ciel azur au-dessus de leur tête.
- Ah, c’est bien mon fils, hurla-t-elle de joie ! T’as les mêmes goûts que ta mère ! Je suis fière de toi de t’être trouvé un aussi beau mec ! Vous l’avez fait combien de fois ??
- Trois fois cette nuit-l…
- Vos gueules et asseyez-vous, hurla soudain une voix impérieuse !!
La voix impérieuse n’appartenait à personne d’autre que Shizuka qui, avec l’écho de la mini forêt se faisait plus grave et dominante. Tous s’exécutèrent dès que la voix eut cessé de résonner et attendirent les dires de la vieille femme… Cette dernière toussota à nouveau.
- En bref, tu connais le secret de Kagami, finit-elle ? Pourquoi ne t’a t-il pas tué alors ? Tu es quelqu’un de la ville, il aurait pu facilement te régler ton compte, non ?
Iori posa une main derrière sa tête, riant doucement
- Oh il a essayé, continua-t-il doucement… Mais je lui avais offert des verres que si tu en bois beaucoup provoquent un désir incontrôlable… Donc dans l’état dans lequel il se trouvait… Il ne pouvait plus vraiment s’intéresser au fait que le nord était le sud et vice versa si tu vois ce que je veux dire…
Shizuka ferma les yeux, visiblement choquée par une telle attitude envers un garçon qu’elle a presque éduqué, alors que Kagami tentati désespérément de ne pas s’évanouir sous le choc de cette nouvelle… La vieille femme soupira, visiblement fatiguée.
- Bon… La solution imminente pour Kagami : Toi… Tu ne sors plus en ville jusqu’à ce que tu aies déménagé, est-ce clair ?! Et que je ne te voie pas boire de l’alcool, compris ?! Cependant, au vu des circonstances, tu auras cependant le droit d’aller au pavillon des hommes, puisque tes goûts sont à l’opposé de toutes mes prévoyances, bonnes ou mauvaises… Nowa. Toi, parles-en à Horan des goûts de ton fils, moi je suis dépassée… Iori, tu as le droit de venir quand tu veux au pavillon des hommes… Par ailleurs, as-tu dévoilé à qui que ce soit d’autre ce que tu sais ?
Et Iori observa la vieille femme avec insistance, mais cette dernière ne broncha pas. Il rit soudain de bon cœur. Il s’y attendait à cette question… La question piège comme il l’avait surnommée… Avant de venir, il s’était renseigné sur le clan et il a appris l’existence de la « technique du silence » du clan Kamikura… Comme on dit, les morts ne parlent pas… Il appréciait cette technique, mais ne voulait pas devenir une cible… Il aimait le jeu, surtout quand il en valait la chandelle… Alors il avait trouvé une parade…
- Me crois-tu stupide au point de venir mourir par ta main au milieu de ce magnifique jardin ? Non Shizuka… Je suis le leader de tous les yakuzas des environs… Je ne suis pas venu me faire tuer par toi… Ce secret je l’ai partagé. Je l’ai partagé avec une autre personne uniquement. Une personne que tu ne connais pas et qui ne fait pas partie de mon clan… Mais une haute instance… Si haute que tu ne peux la toucher de tes doigts crépis… J’ai pris mes dispositions… Si je ne reviens pas sain et sauf ce soir, tout le village de Konoha ainsi que les environs seront au courant du secret des Kamikura. Comme tu peux le constater, ta « technique du silence » n’est pas efficace… Sur un terrain de jeu, je suis toujours vainqueur !
Il avait lâché sa dernière phrase avec un ton de victoire évidente. Il se savait vainqueur sur ce tableau et adorait en profiter… Faire couler ses adversaires, voire leur détresse, bon sang ce qu’il aimait cela ! Et à présent, il observait Kagami. Ce beau garçon aux cheveux noirs qui l’avait séduit ce soir-là. Bien qu’il ne voulait pas se l’avouer, il n’avait perdu aux jeux qu’une seule fois… UUne seule et unique fois… Kagami avait remporté le jeu… Il la’vait totalement séduit ! Un sourire en coin et un regard lubrique s’affichèrent sur son viage alors que Kagami qui l’observait dégluttit, paniqué.
Shizuka, de son côté, semblait un peu tendue. Elle ne s’était pas vraiment attendue à cela et maintenant se demandait ce que voulait exactement l’homme. Pour la survie du clan, Shizuak était dans la paume de Morisato. Et ce dernier allait sans doute en profiter… Elle ferma les yeux et lâcha finalement :
- Et donc que veux-tu exactement ?
- Moi, reprit Iori, lâchant du regard celui qui avait emprisonné son coeur ? Mais je l’ai déjà dit. Je suis venu chercher ma future épouse.
Et là, les trois « femmes » s’exclamèrent en même temps « Qwah ? », totalement surprises… L’homme pouvait tout leur demander, mais il se contentait de ça ? Ce n’était pas possible ! Pas concevable ! Irréfutable aveu !
- Je suis venu demander la main de Kagami et, jusqu’à son déménagement, je veux qu’il habite avec moi, finit Iori en riant, les joues rougies.
Kagami eut des sueurs froides et avala sec alors que Nowa, à côté de lui, serra les mains devant elle, les yeux pleins d’étoiles. Elle faisait même peur à voir selon l'avis de Kagami
- Ce que c’est romantique !
- Non ce n’est pas romantique, hurla le garçon ! T'es quoi pour une mère, tu vois pas que je risque de me faire violer mère indigne ?!
Shizuka soupira d’aise.
- Ah ça n’est que ça ? Tu ne veux vraiment rien d'autre ? Bon, accordé. Affaire réglée.
- Naniiii, hurla le garçon qui avait failli s'étouffer ?! Et je n’ai pas mon mot à dire, moi ?!
- Non, dit catégoriquement la grand-mère en se levant lentement. Tu ne voulais pas de lui, t'avais qu'à pas coucher avec, sale gosse. Affaire close. Tu passeras chercher les affaires de Kagami demin matin et il s'établira avec toi demain après-midi. Maintenant, veuillez m'excuser, je ne suis qu'une faible vieille dame qui a mal au dos. Je vais me reposer un peu.
Shizuka sourit lentement face au soleil et se retira doucement, suivie de Nowa, un air ravi sur le visage et qui murmura à son fils un « je vais vous laisser en tête à tête, les tourteraux ».
- Je t’en foutrais moi des tourteraux, murmura Kagami en voyant ses géniteurs se retirer…
C'était quoi comme karma pourri qu'il avait en ce moment ?! Décidément, le monde lui en voulait… Et ça continuait ! Iori lui enlaça la taille et Kagami se raidit. Ce n'est pas qu'il détestait le contact, mais ils étaient en pleine nature bordel de merde !
- Ne t'en fais pas Kagami… J'espère avoir pu t'aider…
- M'aider, éclata le garçon ?! Tu m'as foutu la honte devant tout le clan ! Comment tu m'as aidé exactement ?!
- Je t'ai fait sortir plus vite du clan…
Là, Kagami ouvrit de grands yeux et l'observa, retournant sa tête. Iori posa la sienne sur son épaule.
- Tu m'avais dit toi-même que tu en avais assez du clan et des ordres de ta grand-mère… Alors je suis venu te chercher… Tu n'as plus rien à craindre… Je te protégerais…
Kagami continua de l'observer. Peut-être que finalement l'homme n'était pas si méchant qu'il en avait l'air… Il lui sourit et allait lui dire merci quand soudain, Iori eut un air de pervers et posa ses lèvres sur les siennes, Stupéfait, le garçon prit un air blasé d'un coup. Non finalement ce gars était irrécupérable! Il prit sans un bruit une des clochettes lourdes dans son dos et, d'un geste bien précis, la balança contre l’entrejambe du chef des yakusas avant de s’enfuir.
- Crétin ! Ne penses pas profiter de la situation parce que je suis obligé d'aller habiter chez toi ! Je me défendrais, clair ? Poltron va !
Iori le vit fuir et tenta de rester debout, mais s’effondra en se tenant ses bijoux de famille quelques instants plus tard… Kagami, lui, se mit la main sur les lèvres tout en courant. Ce n'était pas vraiment désagréble, mais l'homme était beaucoup trop brusque… Bon, apprendre en une nuit de nouvelles techniques de protection contre les pervers s'imposait !
*** Fin ***