~ Bandits ! ~

Des bandits… des combattants aguerris qui répandaient mort et destruction dans leur sillage. Traversant la forêt qui protégeait le village de Kori de part en part, le groupe de brigands cherchait une nouvelle proie à se mettre sous la dent. Voilà longtemps qu’ils n’avaient pas pillé, violé et tué.
Quatre années s’étaient écoulées… Hirotsuka avait à présent quatorze ans, un grand gaillard robuste et plein de vie, Kiyo, âgée de neuf ans, qui devenait chaque jour de plus en plus belle, et Thrys, qui entamait sa cinquième année. Durant ces quatre années de quiétude, la petite famille n’avait aucun contact avec le monde extérieur… la Deuxième Grande Guerre Shinobi s’était achevée, et les pillards qui se réfugiaient le temps que les conflits cessent sortent enfin de leurs cachettes, et arpentent le Monde Shinobi à la recherche des richesses !
Alors que le village jouissait en toute quiétude de leur paix, tous les habitants du village étaient à cent lieues de se douter qu’une horde de brigands fonçaient sur eux, et n’allaient pas tarder à tuer tous ceux qu’ils trouveront. La nuit était tombée depuis longtemps, et les habitants du village de Kori étaient tous partis se coucher. Tous sauf bien sûr la milice nocturne qui parcourait le village et veillait à alerter les autres membres de la communauté. Tandis que toute sa petite famille dormait paisiblement, Kami était encore éveillé, se prélassant devant un bon verre de saké.

Après avoir parcouru les quelques mètres qui séparaient l’entrée de la forêt du petit village de Kori, les bandits commencèrent leur carnage. Bientôt les premiers cris de terreur résonnèrent. Des rugissements barbares accompagnaient le fracas des armes… Le tocsin se mit à sonner, encore et encore, afin de prévenir le reste de la population. Mais il était trop tard. De plus en plus de corps jonchaient les rues et les allées, le sang coulait, le cliquetis métallique des armes résonnait contre les murs…
Kami, qui commençait à somnoler à cause des effets de l’alcool, entendit la sonnerie du tocsin. Ce son désagréable le sortit aussitôt de sa torpeur, et éveilla son instinct de survie. Sans perdre une seconde, l’ex-ninja passa la porte d’entrée de sa maison, et observa avec attention ce qu’il se passait autour de lui. De hautes flammes orangées s’élevaient par-delà les toitures, et une épaisse fumée noirâtre s’envolait dans le ciel. Alors qu’il suivait du regard la purée de pois, un habitant déboula sur la route, et criait au secours. Kami, qui ne savait toujours pas quelle était la cause de ce remue-ménage, interpella l’homme :

« Hey ! Qu’est-ce qu’il se passe ?! »

L’alarmé ne prit pas le temps de s’arrêter, et cria tout en continuant sa route :

« Des bandits nous attaquent !! Fuyez tant qu’il est temps !! »

Puis l’homme disparut dans l’obscurité… Kami tourna alors de nouveau la tête vers les bâtiments en flamme, avant de rentrer brusquement dans la maison. Alors qu’il se préparait à rassembler quelques affaires et à réveiller toute sa petite famille, Thrys, les yeux mi-clos, se tenait devant lui, et demandait d’une voix penaude quelle était la raison de ce vacarme. Le pauvre garçon dormait paisiblement, jusqu’à ce que le son de l’alarme ne le réveille. Puis, quelques instants plus tard, Hirotsuka, Kiyo et Yuki firent leur apparition. Kami, qui ne pouvait rester plus de deux secondes en place, expliquait la situation aux siens, et continua de préparer des affaires. Il fallait fuir… bien qu’il fût ninja à l’époque, le père de famille n’avait plus malaxé son chakra depuis longtemps, et de ce fait, il se retrouvait un peu rouillé. Lui qui aurait pu éliminer tous ces bandits à une époque…
Alarmé comme le reste de la population, Kami aidait sa famille à préparer des rations de survie. Bientôt, les préparatifs furent terminés… L’ex-ninja et les siens sortirent de chez eux, et prirent la fuite en direction de la forêt, à l’opposé des bandits.
Les enfants couraient devant, ne sachant pas ce qu’il se passait, tandis que Kami et Yuki restaient un peu en retrait. La jeune femme, terrifiée par les cris qui résonnaient entre les maisons du village, se rapprocha de son tendre et cher, avant de lui demander d’une voix inquiète :

« Mais que se passe-t-il ? Pourquoi devons-nous fuir ?! »

Kami tourna la tête en direction de son épouse, et la fixa d’un air grave. Chuchotant du mieux qu’il le put, il annonça la mauvaise nouvelle à Yuki. Celle-ci ouvrit alors de grands yeux, et son cœur accéléra. Des bandits ! La pire vermine qui existait en ce monde… comme vous devez tous les savoir, ce ne sont qu’un ramassis de traîtres et de pillards qui éprouvent de la fierté lorsqu’ils massacrent un village sans défense… quel acte lâche et honteux !

Mais alors que le petit groupe courait pour échapper aux bandits, quelques-unes de ces raclures déboulèrent au détour de l’allée, armées de masses cloutées et d’épées. Les enfants s’arrêtèrent aussitôt, et Kami passa en tête, avant de se mettre sur la défensive, protégeant ainsi sa famille.
L’un des brigands, un sourire sadique figé sur le coin des lèvres, ricanait et tapotait lentement la paume de sa main avec le revers de sa lame. Examinant tour à tour ses futures victimes, il lâcha d’un ton gras et ironique :

« Et bien et bien… regardez c’que nous avons là ? »

Les trois enfants étaient pétrifiés, et Yuki s’approcha rapidement d’eux, et les entoura à l’aide de ses bras. Kami, face aux quatre bandits, prenait un air agressif, prêt à défendre les siens. Utiliser une technique ninja ? Voilà qui l’aurait bien aidé… mais le pauvre homme avait tout perdu durant ces années… Impossible de tenir tête aux bandits, il fallait se rendre à l’évidence : le combat était perdu d’avance ! Il prit alors une grande inspiration, et cria alors :

« Yuki ! Cours avec les enfants ! Je vais les retenir ! »

Yuki ouvrit alors de grands yeux. Laissez son mari mourir et fuir ? Voilà une chose qu’elle ne pourrait supporter ! Mais son instinct de mère prit le dessus, et ordonna alors à ses progénitures de partir, pendant qu’elle et Kami retiendraient les quatre pillards.
Thrys pleurait, et tandis que son grand frère et sa sœur le tenaient par la main afin de l’emmener loin d’ici, il ne pouvait s’empêcher de jeter un dernier regard à ses parents, qui se retrouvaient désormais seuls face aux bandits.
Après avoir couru quelques mètres, Hirotsuka tourna la tête en direction de l’affrontement. Kami se débattait, et ayant saisi une ouverture, donna un violent coup de poing dans la mâchoire de son agresseur. Mais malheureusement, il n’était plus aussi robuste qu’avant, et il mourut, la lame de l’épée plantée dans le ventre. Deux secondes après, Yuki se jeta sur le corps inerte de son âme sœur, avant qu’un autre bandit ne lui assène un violent coup de masse d’arme sur le crâne, ce qui la tua sur le coup. Le fils aîné, qui ne pouvait rester sans rien faire, lâcha la main de son petit frère, et, prit de rage et de colère, laissa Kiyo et Thrys s’enfuir seuls, et revint auprès de ses deux parents… mais malheureusement, tout ceci ne rimait à rien, si bien qu’après avoir rejoint son père et sa mère, le pauvre garçon s’effondra à son tour… en quelques minutes, la moitié de la famille Kaosu venait de succomber…
Les quatre bandits ricanaient, et crachèrent sur les cadavres… L’un d’eux s’énerva :

« Encore un peu et il me pétait une dent !! Sale chien ! Il tourna alors la tête vers l’obscurité, suivant du regard les deux enfants… Allez chercher ces gosses ! Et ramenez-moi leurs têtes ! »

Kiyo et son petit frère Thrys continuaient de courir, courir encore et encore, jusqu’à s’enfoncer dans les bois. Impossible de s’arrêter, impossible de faire demi-tour, plus rien ne les rattachait au petit village de Kori ! Il leur fallait désormais se débrouiller seuls. Le pauvre garçon continuait de pleurer, tandis que sa sœur essayait de le réconfortait, bien qu’elle aurait elle aussi aimé pleurer.
Ereinté après une course effrénée, les deux enfants s’arrêtèrent en plein cœur d’une clairière, illuminée par l’astre lunaire. Sans perdre une seconde, Kiyo et Thrys se cachèrent contre un arbre, s’adossèrent sur le bois et ne bougèrent plus… Le jeune garçon s’était légèrement calmé, mais ses pleurs résonnaient toujours.

« Calme toi, Thrys, calme toi… tout est fini… là… chuchota Kiyo aux oreilles de son frère pour le réconforter. »

Allongés contre le tronc d’arbre, les deux enfants se dissimulaient du mieux qu’ils le pouvaient. Cachés dans l’obscurité, ils avaient des chances de passer inaperçu et de survivre. Un grand silence régnait dans cette clairière… de temps à autres, Kiyo entendait quelques animaux nocturnes qui sortaient de leur abri pour chasser leurs proies. A plusieurs mètres de là, de l’eau qui coulait, ou plutôt, qui chutait d’un sommet pour venir s’écraser contre la surface d’un étang ou d’un lac… une cascade sans doute…
Mis à part ces sons divers, les lieux étaient silencieux…

Mais bientôt, un nouveau bruit vint perturber le calme de la forêt… des bruits de pas sur le sol mousseux et les feuilles séchées. Une branche craqua, et les sons s’intensifiaient au fur et à mesure. Kiyo, qui restait sur ses gardes, décala lentement la tête sur le côté, afin de voir ce qu’il se passait derrière l’arbre.
Trois des bandits étaient partis à la recherche des deux enfants. Les visages balafrés par les mandales et les beignes, ces brigands étaient vraiment terrifiants. Et plus ils approchaient, et plus la pauvre fille sentait la mort arriver à grandes enjambées ! Les pauvres enfants, rescapés du massacre des habitants de Kori, étaient condamnés. La fillette ferma les yeux, elle les ferma si forts qu’elle rêvait pouvoir les rouvrir et se retrouver ailleurs. Et bientôt, les pas s’arrêtèrent, la respiration des trois brutes parvenaient jusqu’aux oreilles de Kiyo et de son petit frère.

« Vous voilà… niark niark niark ! »

La fillette leva la tête et vit au-dessus d’elle trois grands sourires sadiques, et trois paires d’yeux qui la toisaient comme un animal toiserait sa proie avant de se jeter sur elle et de la dévorer. Des larmes emplirent aussitôt les yeux de la petite fille, qui priait pour qu’un miracle vienne les sauver. Au moment où le bandit central leva son arme au-dessus de sa tête, Kiyo poussa un cri de terreur.

Et, alors qu’il allait asséner un violent coup sur les deux enfants et les réduire en bouille, une voix retentit à quelques mètres, près d’un gros arbre :

« Qu’est-ce qu’il se passe ici ?! »

Le brigand, qui allait assouvir ses pulsions meurtrières, s’arrêta dans son élan, et se retourna, pour savoir quel était le vermisseau qui l’avait perturbé. Devant lui, un jeune homme, de taille normale, le crâne rasé et une expression agressive était figée sur son visage. Il portait une tenue de combat grise, cette même tenue que revêtent les pratiquants d’arts martiaux. Sur son dos était accroché un long bâton en bois. Les bras étendus le long du corps, il ne bougeait pas d’un cil, et ne laissait filtrer qu’une émotion à l’extérieur… pas de peur, seulement de la colère et de l’agressivité. Le bandit se retourna complètement face à lui, et lança alors d’un ton moqueur :

« Qu’est-ce qu’un gars en pyjama comme toi compte pouvoir faire ? Hin hin hin hin ! »

L’arrivant, qui fixait du regard ses futurs opposants, inclina légèrement la tête, et vit aux pieds de ces brutes deux enfants terrifiés. Son expression s’intensifia, et ne pouvant accepter que trois hommes s’en prennent à deux gamins sans défense, il entra à son tour en lice, et décrocha de son dos son arme. Faisant quelques mouvements dans le vide pour s’échauffer, il lança de façon provocatrice :

« Attaquez-vous à quelqu’un de votre niveau, bande de lâches ! »

Les choses empiraient. N’appréciant guère le ton que prenait la discussion, le leader des bandits grogna des injures à n’en plus finir, puis fonça tête baissée sur son adversaire, tout en brandissant sa masse cloutée. Le pratiquant en arts martiaux le vit se ruer vers lui, et au dernier moment, esquiva l’assaut, et asséna un vif coup de la pointe de son bâton dans le poplité de sa jambe droite (N.B : Le poplité est le creux qui se trouve juste derrière le genou). Le bandit lâcha un cri de douleur, et sa jambe se fléchit aussitôt, sous la pression exercée sur son articulation. Ne sentant plus du tout son corps à de la base du pied jusqu’au genou, l’homme tomba à terre, avant de se relever péniblement. Mais à peine fut-il debout que l’assaillant attaqua une nouvelle fois lui donnant un violent coup sur son flanc, ce qui le fit trébucher de nouveau. A terre, et se tenant les côtes, le bandit ne comprenait pas comment avait-il pu se faire battre ainsi. Ses deux compères, voulant porter secours à leur chef, entrèrent à leur tour dans l’affrontement, mais sans succès. Après quelques attaques malhabiles, le guerrier muni de son bâton les élimina tour à tour. Agonisant tous les trois sur le sol mousseux de la forêt, les brigands se tordaient de douleur, tandis que le vainqueur du combat les regardait de haut. Comprenant que tout ceci n’était pas normal, il s’approcha des deux enfants, avant de lever la tête vers le ciel, sentant une odeur de brûlé… Une épaisse fumée noire s’envolait lentement, et passait devant l’éclat étincelant de la lune. Le village voisin avait été attaqué, cela ne fait plus l’ombre d’un doute. Avant de venir à la rencontre de Kiyo et de Thrys, le combattant se retourna vers ceux qu’il venait de neutraliser, et voulant punir les agresseurs, acheva leurs souffrances en frappant puissamment leur cou à l’aide de la pointe de son bâton.

Une fois cette petite altercation terminée, le héros s’approcha des enfants, tétanisés par la peur. Après tout, un étranger venait de les sauver, mais impossible de savoir s’il avait lui aussi de mauvaises intentions ! Puis, arrivé à leur niveau, le jeune homme s’accroupit, puis demanda d’une voix calme et posée ce que deux enfants faisaient dans la forêt. Thrys s’était arrêté de pleurer, et Kiyo expliquait du mieux qu’elle put la situation. Pris de pitié pour ses orphelins, le guerrier les emmena avec lui, vers le temple des Moines de la Cascade. Après quelques kilomètres dans la forêt, le petit groupe parvint près d’une grande cascade, et au pied de la chute d’eau sortait un petit chemin fait de pierres. Les deux enfants suivaient leur sauveur, sans savoir où ils se rendaient. Kiyo tenait son petit frère par la main afin que celui-ci ne prenne pas la fuite, ou ne retourne au village voir ses parents.
Arrivés dans ce qui ressemblait à une grande grotte, Kiyo et Thrys observaient avec ébahissement les environs ! Des habitations étaient taillées dans la pierre, et un grand temple était placé au centre même des lieux ! Plusieurs personnes allaient et venaient, vêtus de la même façon que le guerrier au bâton. Puis, sans perdre une seconde, ce dernier accompagna les deux enfants dans sa propre maison, et leur offrit l’hospitalité…
Désormais, coupés du monde, seuls et recroquevillés sur eux-mêmes, Kiyo et Thrys allaient devoir recommencer une nouvelle vie.