~ Triste solitude... ~

Devant les deux orphelins, quatre bandits les attendaient… costauds et imposants, leurs sourires sadiques figés au coin des lèvres ne présageaient rien de bon. Thrys, qui devait avant tout protéger sa sœur, se plaça devant elle, et dégaina son sabre. Ayant tout appris du maniement du katana, il prit une posture défensive, et fit face aux quatre brigands, qui étaient déterminés à les détrousser. L’un d’eux se mit à rire, et lança :

« Allons petit, joue pas au héros ! Si vous voulez survivre, filez-nous ce que vous avez, et qu’ça saute ! »

Thrys ne répondit pas, et garda son ton froid et impassible. Négocier avec des bandits ? Grave erreur… ceux-ci n’étaient pas des gens de confiance. Le bandit, déçu par une telle réaction, soupira, puis fonça sur sa cible, afin de le mettre hors d’état de nuire. Thrys esquiva l’assaut par un pas latéral, et lui asséna un violent coup de lame dans le dos, ce qui le fit trébucher, et le sonna. Kiyo recula, s’écartant le plus possible du champ de bataille. « Un est à terre… plus que trois… » songea notre jeune guerrier en observant le corps de sa première victime. Puis il se tourna vers les trois autres, prêts eux aussi à en découdre. L’un d’eux se rua alors sur l’épéiste, cimeterre brandi vers le ciel. Malheureusement pour lui, cette assaut frontal comportait une faille, et laissait une ouverture à son adversaire, qui s’empressa de l’exploiter. Se faufilant juste devant lui, il planta rapidement la lame de son katana dans le ventre du grand pataud, qui n’avait pas prévu une telle riposte. Il cracha un flot de sang avant de tomber raide mort sur le sable chaud du désert. « Et de deux… » pensa Thrys en se tournant désormais vers les deux survivants. Mais alors qu’il allait continuer le combat, un cri de terreur parvint jusqu’à ces oreilles.

Immédiatement, il se retourna, et vit le premier bandit qu’il croyait avoir éliminé tenir sa sœur en otage, une dague sous le cou. Malgré son air affaibli, il ricanait, dévoilant ainsi ses chicots pourris et laissant s’échapper son haleine pestilentielle. Le jeune épéiste cessa alors de combattre, et sentait la peur monter en lui. Il ne pouvait pas avoir peur ! Pas maintenant ! Devant à tout prix garder son sang-froid, il resta de marbre, et lâcha d’un ton sec :

« Relâche là ! C’est moi que tu veux, viens donc me chercher ! »

Le bandit ne l’entendait pas de cette oreille, et répondit alors :

« Lâche donc ton arme, et je relâche la fille ! »

Ne pouvant risquer la vie de sa propre sœur, Thrys dut abdiquer, et jeta devant lui son katana. La lame tomba dans le sable, et s’enfonça quelques millimètres. Puis aussitôt, les deux autres bandits se ruèrent vers lui, et lui saisirent les bras, l’empêchant ainsi de bouger. Le leader des bandits, après avoir regardé une dernière fois Kiyo, lança un regard cruel, puis lança d’une voix fatidique :

« Sage décision… »

D’un geste lent, il approcha la lame de sa dague contre la peau de la jeune femme, et fit glisser le côté tranchant contre son cou, sectionnant ainsi la gorge de Kiyo. Du sang s’écoula alors de la plaie, et la pauvre femme rendit son dernier soupir, avant qu’elle ne soit relâchée de son étreinte, et ne s’effondre sur le sable. A ce moment, Thrys eut l’impression de voir la scène au ralenti. Sa sœur tombait, ses muscles s’étaient instantanément décontractés. Une plaie béante au niveau de la gorge… Le jeune guerrier sentit alors toute sa colère et sa rage monter en lui comme la lave d’un volcan en éruption ! Et, comme par enchantement, le chakra de son père qui stagnait durant toutes ces années dans ses veines se mit alors à bouillonner, jusqu’à complètement jaillir des pores de sa peau, l’englobant ainsi d’un faible manteau bleuté. Les deux bandits, qui le retenaient, sentaient toute cette masse d’énergie qui s’échappait du corps de l’emprisonné. Ce dernier, qui avait l’impression de découvrir une nouvelle force, bougea le bras droit, se libérant ainsi de son adversaire, et frappa de toutes ses forces son second geôlier, l’envoyant ainsi valdinguer dans le décor. Puis, ne perdant pas un seul instant, il se retourna, fit un vif saut, et décocha un coup de pied phénoménal, ce qui rompit les os de la nuque et de la colonne vertébrale du troisième bandit. Les deux brigands étaient à présent hors d’état de nuire, et seul restait le dirigeant du petit groupe, qui n’arrivait pas à comprendre ce qu’il se passait ! Comment un si jeune garçon pouvait-il déployer autant de force et d’énergie ? Celui-ci, qui n’allait pas s’arrêter en si bon chemin, plongea sur son katana, le ramassa aussitôt, et se rapprocha aussi vite qu’il le put de l’assassin de sa sœur. Sans aucun sentiment de miséricorde, il rua de coups son adversaire, lui sectionnant les tendons des jambes, l’empêchant ainsi de continuer l’affrontement. Agonisant et dans l’incapacité de tenir debout, le bandit tomba à terre, allongé sur le sable, et vit au-dessus de lui le visage grave de son vainqueur. Le contraste avec le soleil lui donnait un air sombre et fatidique, comme un Dieu qui punirait un pauvre mortel. La lame inclinée vers le sol, souillée par le sang, il s’apprêtait à rendre la justice en éliminant celui qui l’avait privé de sa seule famille. Mais alors qu’il allait donner le coup de grâce, le bandit avança ses mains au niveau de son visage, et implora le pardon de Thrys :

« Pitié ! Pitié ! Ne me tuez pas, je vous en prie ! »

L’épéiste le regarda quelques secondes, ferma les yeux, avant de les rouvrir et de plonger son regard dans celui de sa future victime. Un regard glacial, et qui laissait filtrer de violentes pulsions meurtrières ! Sur un ton agressif, Thrys ne put contenir davantage ses émotions, et déversa toute sa colère dans ces dernières paroles :

« De la pitié ? As-tu eu de la pitié avant de tuer ma sœur ?! Hein ?! De la pitié ?! Ha ! Je vais offrir ta misérable carcasse en pâture aux vautours, sale chien ! Son ton se calma quelques secondes… et devint ironique… Je vais me montrer bon envers toi… au lieu de te faire souffrir autant que j’ai souffert, je vais t’offrir un aller simple pour l’Enfer ! »

Il brandit alors sa lame vers le ciel, faisant ainsi miroiter les rayons du soleil au niveau de la pointe de son sabre, et d’un geste lourd, il abaissa le bras, tranchant ainsi la tête du bandit, tel un bourreau faisant son office. Du sang jaillit alors de la plaie comme un geyser, et se répandit sur le sol ensablé du Désert du Pays du Vent. Thrys, apaisé par cette vengeance, courut aux côtés de sa sœur, et s’agenouille auprès d’elle… mais il était trop tard…
Les yeux grands ouverts, notre jeune héros sentit une larme couler le long de sa joue, et d’un geste très solennel, il ferma les paupières de la défunte, avant d’éclater en sanglots.
Si le climat l’avait permis, il aurait plu… n’est-ce pas là le temps propice aux enterrements et aux funérailles ?

Thrys fit ce qu’il put, et enterra sa pauvre sœur sous le sable du désert. Malgré le peu de moyens et d’outils à sa disposition, l’adolescent dissimula le corps, et après avoir rassemblé quelques éléments aux alentours, il forma une petite croix qu’il planta dans le sol. Puis, devant accepter ce funeste destin, il continua sa route vers le Village caché du Sable. Mais alors qu’il s’éloignait, il ne put s’empêcher de tourner une dernière fois la tête, et de fixer la sépulture de sa grande sœur. « Repose en paix… Kiyo… » se dit-il en se résignant à abandonner sa dernière famille, et en poursuivant son trajet jusqu’à Suna.