L’ombre qui se terrait dans les abysses de l’oubli depuis un temps qui se révélait être déjà bien trop long pour les villages ninjas, se mettait enfin en mouvement. Mouvantes, dansantes, ondulantes, sournoises et avide, les ombres que nous étions, nous autres membres de la nouvelle organisation de la lune rouge, nous tapissions dans les méandres de la mémoire humaine, refoulement d’un souvenir douloureux, mais dont la morsure cruelle saurait se faire rappeler l’existence. Longtemps nous avions stagnés, attendant notre heure, mais à présent, il était temps pour nous de nous relancer dans la conquête de ce monde dont la perfide folie n’avait plus lieu d’être. Puissance immémoriale, créature presque fantasque, colosse aux allures étranges, dégageant une aura infernale, mais pourtant glaciale, j’avançais, figure solitaire et énigmatique, face à un horizon sans forme, déformé par les effluves d’une chaleur abominable qui pour une personne telle que moi n’était qu’une agréable douceur. Un sentiment de fierté m’envahissait, souffle délicat de grandeur qui pétrissait mon cœur d’une infime source de délicatesse, honneur glorieux du démon solitaire qui se voyait enfin offrir l’occasion, la chance de briller pour ce en quoi il croyait. Souffrance silencieuse, je me révélais dès lors être un venin qui n’attendait qu’à être injecté dans les veines de la corruption à l’état pure qui gangrenait ce monde lui-même, l’organisation même du monde ninja, créature monstrueuse tapie dans les ténèbres, n’attendant que son jour pour ressurgir à la lumière de la destruction, se tapissant telle la vipère espionnant les faits et gestes de sa proie, avant de plonger ses crochets dans la chaire tendre et délicate.
Silhouette abyssale, crépusculaire, auréolée d’une magnificence royale, démoniaque stature aux allures de juge inflexible, ma longue cape flamboyante créant comme une aurore boréale enflammée dans mon sillage, je me battais contre les dunes infinies du désert de Suna, tenant entre les mains un rouleau de parchemin aux allures officielles qui faisait office de mon affectation aux forces ninjas du village caché du sable, membre de l’élite anbu, ordre décerné par un de mes espions travaillant dans la haute hiérarchie du village ninja. Grace à cela, j’avais une excuse toute faite pour intégrer les rangs des soldats du sable sans éveiller de soupçons… Le voyage était long, et l’attente lourde, mais le serment et le désir d’atteindre l’objectif que je m’étais fixé depuis toujours faisait briller en moi une flamme inextinguible qu’aucune épreuve ne pouvait atteindre, une force inaltérable, une profondeur que rien ne pouvait troubler. Une éternité sablonneuse semblait s’être instaurée entre moi et le but de ma mission, vague temporel dont l’ardeur à s’étendre à ce qui paraissait être l’infini n’avait nulle fin. Cet océan terrestre était fascinant, et à mes yeux, semblait être un fleuve poussiéreux dont l’immémoriale existence rappelait la mer du temps, chaque grain de sable prenant alors la forme et l’âme d’un souvenir intimement lié à l’histoire de tous, et surtout, à l’existence même de ce monde. Face à cette immensité de solitude, silence suffocant dont la chaleur mortelle chantait le requiem des malheureux et malchanceux morts dans ce havre de surnaturel, les seuls témoins de mon passage étaient la coupole d’or dont la couronne céleste cerclait la tête du ciel infini, ainsi que les traces profondes de pas que je laissais dans mon sillage, rapidement effacés à la discrétion d’une brise légère, seul réconfort face à la torpeur infernal de ce monde interdit.
Muré dans le silence de mon existence, toujours seul face à moi-même à admirer l’extérieur, tout en questionnant mon intérieur, je ne portais mon regard qu’au loin, vague attention d’un œil d’or face à un horizon dont l’immuable présence semble se dérober toujours plus au brave qui se voulait en être le maître. Finalement, après de longues et incalculables heures, journées même, de voyage à traverses ces monts d’or formant des vagues immobiles, je finis par entrevoir, puis atteindre d’immenses remparts naturels de roches, formant un large cercle derrière lequel s’abritait la nation ninja de Suna. Une large fente semblant dessiner la gueule d’un monstre de pierre se dessinait dans la structure minérale, et de nombreuses silhouettes présentes sur les remparts ainsi crée par la nature elle-même, laissait deviner un village sur la qui vive, la guerre encore peu ancienne face à l’ancienne akatsuki ayant laissé ses traces éternelles dans le cœur des hommes. Lorsque j’atteignis le poste de garde posté à l’entrée de l’embouchure granitique, deux soldats du village s’approchèrent de moi, vérifiant l’ordre que j’avais reçu, et, après en avoir contrôlé l’authenticité, me laissèrent entrer dans la cité en me sommant de me rendre au plus vite auprès de celui qui avait émit cette ordonnance. Le soleil se couchait au loin, et une vague de froid commençait à s’installer dans la région, peu de monde traînait encore dans l’allée principale de Suna, me laissant champ libre pour avancer au plus vite vers les quartiers administratifs du village, à savoir la tour même de la Kazekage récemment nommée, future tête fichée sur une pique pour la grandeur de notre idéal. Averti de mon arrivée, un homme m’attendait à l’entrée de la tour. Nulle cérémonie, nul entretien nécessaire, simplement une brève accolade, et un bandeau glissé entre mes mains ainsi qu’un masque de l’unité de l’anbu de Suna. Ne désirant guère être aperçu, l’homme se retourna face à l’édifice aussi rapidement qu’il en était sortit, tentant de me laisser de nouveau seul, membre du village de Suna à présent, démon de l’akatsuki tapi dans le sable du désert, attendant son heure pour se révéler au monde.
Toutefois, je ne pouvais guère le laisser seul, car il pouvait nous trahir, et c’était aussi un de mes ordres de mission, l’éliminer avant qu’il ne change de nouveau de camp. Je devais aussi déposer sur lui des preuves compromettantes qui prouvaient qu’il cherchait à réunir des fonds pour renverser la Kazekage actuelle et prendre ainsi sa place de chef de guerre de la nation ninja du vent. Avant qu’il ne puisse franchir les portes de la tour, je l’interpellais, et l’invitais à me suivre, prétextant devoir m’entretenir de diverses choses avec lui loin des oreilles indiscrètes. D’un œil interrogateur, il accepta de me suivre, mais souhaitant que l’entrevue soit brève, car il devait se joindre à une importante réunion entres membres du conseil du village. Après quelques minutes de déambulation dans de petites ruelles où nulle présence ne se faisait sentir, nul regard ne pouvait se poser sur nous, je l’entraînais au fond d’une impasse plongée dans un noir quasi-total, où nul témoin n’aurait pu malencontreusement nous apercevoir. D’une voix irritée, il me demanda ce que je lui voulais, toutefois, avant même qu’il ne puisse terminer sa phrase, je me trouvais déjà planté devant lui, saisissant à pleine main sa gorge, et que d’un mouvement puissant, j’écrasais contre le mur d’en face, brisant sa nuque, rompant les chairs, répandant dans un craquement sinistre une partie du contenu de sa cervelle contre les pierres délogées par l’impact. Un corps flasque tomba à mes pieds. Je ne ressentais rien, seulement du vide… Je posais alors dans sa tunique des parchemins qui l’incriminaient sciemment, puis, je filais, intégrant définitivement Suna, ou du moins partiellement.