Tu souhaites incarner un ninja et le faire évoluer au sein de différentes missions, quêtes et autre afin de le modeler selon ton unique choix ?
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Sujet: Flash-Back: où nous mène parfois la forêt... (PV Kaleïs) Sam 27 Oct 2012 - 14:32
Sur la route du destin
Spoiler:
Etant tout juste arrivée à Jiyuu, cette scène se déroulerait alors que Mana est encore en service en tant que chuunin de Suna, et non déserteuse.
Mémoires
Lors de sa traversée, Mana ne put que constater la fermeté du sol sur lequel elle marchait.
Derrière elle, le village de Kumo disparaissait dans la lumière naissante du jour. Elle percevait les raies de lumière se dessiner sur le parterre et tout le long des écorces qui composaient sa route, y posant de temps en temps un pied pour admirer son ombre s'y dessiner. Cette copie conforme d'elle, sombre, mais qui ne se décollait du sol. Sauf quand elle se redressait sur le tronc des arbres qui se présentaient sur les différents sentiers.
Quand l'adolescente rongée par les spectres du mal observait cet être tout de noir revêtu, elle songeait que sans la lumière pour les éclairer, les ténèbres n'existeraient tout simplement pas. La nuit de chaque chose, de chaque être, devait sa vie à l'éclaireur qui l'observait. Mais éliminer l'éclaireur équivaudrait-il à évincer les ténèbres ? Fallait-il déjà connaitre la source de ce néant qui la rongeait…
La vie n'est qu'une longue suite de malheurs décousus et d'éclaireurs en recherche de lumière…
Cela n'avait pas été par soif de connaitre de nouvelles contrées que la kunoichi du vent s'était engagée sur les terres du pays de la foudre, mais bel et bien afin d'allonger, un peu plus, la liste qu'elle dressait dans ce petit carnet enfoui dans le sac dont la courroie occupait son épaule. Il lui manquait encore quelques informations avant de se mettre en chasse et de traquer la famille de ces vils individus qui avaient assassiné, de sang froid, ceux qui lui avaient offert la vie. Des noms. Des lieux.
Sans arrêter de marcher à travers la surprotection des arbres légèrement penchés sur sa route, Mana exprima un profond soupir, extériorisant ainsi son immense irritation vis-à-vis de son menteur d'informateur. Mentir pour un peu d'argents. Ce genre d'agissements la rebutait au plus haut point et elle conseillait vivement à cet homme de ne plus mettre un pied à Suna, au risque d'y perdre un ou deux bras.
"Vous trouverez un homme à Kumo qui connait bien le clan Yakuza, je vous jure! C'est le cousin du neveu du fils du doyen de c'te famille et il en connait un rayon sur eux! Il travaille à une échoppe près des bains publiques."
Elle avait perdu cinq heures de sa vie à visiter chacune des échoppes de ce village et à chercher ce soi-disant cousin éloigné. Quelle perte de temps! La prochaine fois, la jeune fille ne promettrait plus aucune récompense et se débrouillerait à l'aide de ses propres moyens. Pour l'heure, elle se devait toutefois de rentrer au village caché du sable, afin de remplir des missions qui, dans le fond, ne l'intéressaient pas plus qu'autrefois.
Aki seul réussissait à donner un peu de piment à ses tâches quotidiennes. Mais Aki était mort. Aki l'avait lâchement abandonnée en mourant.
Le souvenir de son sensei défunt installa un goût amer dans le fond de sa gorge. Que ses yeux d'un vert aussi intense pouvaient représenter torture! Toujours plus exigeant, toujours plus encourageant… Il aurait peut-être été capable de la dissuader et de l'éloigner au plus loin de son idée de vengeance. Malheureusement, la mort l'avait emporté avant le drame qui avait secoué définitivement la vie de son élève.
Un mince débris de lumière, filtré par le feuillage avoisinant, éclaira son visage impassible à cette nostalgie qui lui retournait pourtant l'estomac. La vie paraissait bien plus belle, deux ans plus tôt. Une époque révolue. Une époque qui lui manquait plus qu'elle ne l'aurait désiré. Ses parents étaient encore en vie, Aki aussi. Aujourd'hui, ils étaient tous partis et leurs fantômes ne cessaient de lui rendre visite.
Qu'est-ce…!
Son regard se braqua sur la cuve d'arbres qui faisait obstacle à sa route.
Me serais-je perdue ?
Ce genre d'incident ne lui arrivait pourtant jamais. Mana toisa l'arbre qui dérangeait la bonne continuation de son trajet.
Ces forêts sont mille fois plus sataniques que les plus grands déserts du pays du vent.
Bien que cette réalité qui se dressait devant elle - celle de s'être perdue en pleine forêt - lui semblait complètement incongrue, la kunoichi du désert se résolut à tourner les talons et à remonter le sentier jusqu'à apercevoir une autre route.
A son plus grand malheur, elle ne parvint pas à regagner le village de Kumo. Mana gardait son calme impartiale quoi qu'il advienne, cédant ni au démon ni à l'ange qui siégeaient sur ses deux épaules. Mais sa bouche s'étirait fortement du côté gauche, signe de son mécontentement.
La jeune femme poursuivit ses recherches sur le chemin à suivre et ne se perdit que plus. Tous les arbres se ressemblaient dans cette fichue forêt qui s'amusait la voir tourner en rond. Le rire de la nature tonnait dans ses oreilles sous la cape d'une brise rieuse chatouillant les feuilles des arbres.
Quelles sont farceuses, ces âmes de la forêt ! Mais pourquoi m'avoir désignée comme victime de leurs farces, soupira Mana en son fors-intérieur.
A l'ombre de l'un de ces grands feuillus habitant les alentours boisés du village de Kumo, se reposait, attendait, restait du moins immobile une femme qui paraissait bien plus sereine que sa petite voix intérieure. La kunoichi loucha sur la frange d'un noir intense qui glissait le long de l'arête de son nez en cherchant un autre endroit où reposer ses prunelles curieuses. Il était dans la personnalité de la fille du vent de ne jamais aborder les personnes. Elle n'appréciait pas spécialement leur contact, leurs avis déjà tout conçus sur elle dont la bouche et le regard demeuraient les seuls parts de son visage exprimant même la plus infime émotion. Mana n'aimait tout simplement pas le regard que les autres portaient sur elle.
D'un pas décidé, l'adolescente s'apprêta à retourner d'où elle venait, mais elle fut rapidement confrontée aux farces que lui faisait la forêt. Un cul-de-sac, pour ne pas changer…
Demander son chemin? Des incommodités pareilles ne lui plaisaient guère, mais le choix, à cet instant, elle ne l'avait pas. Mana toisa la femme au loin, redessinant ses formes avantageuses du regard, puis souffla prestement dans les cheveux qui encombraient sa figure. Non, elle n'aimait réellement pas le rapport humain.
"Excusez-moi…?"
Engageant le pas, ayant oublié que la nature de ces lieux ne l'aimait guère, la chuunin du désert fut prise par surprise par la racine d'un arbre qui n'avait vraisemblablement rien à faire sous ses pieds. Mais cette racine avait rampé assez loin que pour lui servir de talus et lui faire perdre l'équilibre qu'elle maintenait sur le sol ferme et froid sur lequel elle s'écrasa sans autre interaction.
Mana leva péniblement son visage envahi par la poussière et réalisa que le fourreau accroché à sa ceinture et ce qu'il contenait dormaient à présent paisiblement à deux mètres d'elle.
Qu'Aki-sama doit avoir honte de moi...
InvitéInvité
Sujet: Re: Flash-Back: où nous mène parfois la forêt... (PV Kaleïs) Dim 28 Oct 2012 - 16:21
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Sujet: Re: Flash-Back: où nous mène parfois la forêt... (PV Kaleïs) Lun 29 Oct 2012 - 18:23
Une chute, une rencontre
Son professeur s'en serait retourné dans sa tombe.
Une chute. Misérable, causée par une malheureuse racine au pied d'un arbre. Mana n'aurait pas pu imaginer plus humiliant. Pour quelle genre de kunoichi se faisait-elle passer en se soumettant ainsi, à plat ventre contre la sévérité du sol qui lui avait maladroitement écorché la paume des mains ? Pour une misérable, tout simplement.
Seule face au silence assourdissant de son humiliation, elle se remémorait les nombreuses chutes qui avaient précédé celle-ci, celles qui remontaient à sa lointaine enfance, celles qui avaient constitué sa septième année d'existence. La kunoichi se souvenait de la lourdeur du soleil sur ses frêles épaules, de son poids qui ralentissait chacun de ses mouvements, de son tuteur qui la jugeait d'un œil critique. Ce vert intense, d'un boisé qu'ils n'auraient jamais l'opportunité d'admirer ailleurs à Suna, et cerné d'un noir imposant, relief de tout le mécontentement qu'il ressentait à la voir ainsi épuisée par l'effort. L'élève détestait décevoir son maitre, cela était naturel, et déceler tant de mépris dans son regard l'assomma d'autant plus que le zénith du soleil troublant sa vue.
"Relève-toi, disait-il d'un ton ferme. Je t'ai dit de te relever, Mana. Observer le sol comme tu le fais ne te permettra pas de t'améliorer, sache-le !"
Son maitre était intransigeant, mais juste. Car la jeune fille qu'elle était ne se relevait que plus courageuse de chaque chute. Le sable collait à sa peau, envahissait sa bouche jusqu'à lui procurer un goût amer plaqué à son palet, mais rien ne lui était plus insupportable que de voir la déception d'Aki se refléter dans son regard. Elle voulait lui inspirer l'ambition, la fierté, et non le découragement.
Était-il parti avec ce mépris ? S'était-il retiré de ce monde avec tant de déception dans le cœur ? Cette question se classait dans le tiroir que la jeune femme n'avait pas le courage d'ouvrir, dissimulé, quelque part, loin de ses yeux, dans un coin sombre de son esprit. La seule parole encourageante que l'élève n'ait jamais reçue de son maitre fut :
"Un jour, avec ou sans moi, Mana, j'en ai la certitude… tu deviendras l'arme d'un grand maitre."
Neuf ans s'étaient écoulés depuis et la jeune femme recherchait encore la signification de ces mots gravés à tout jamais dans l'obscurité de ses paupières. Chaque nuit, sa voix les lui répétait, comme une berceuse, et l'adolescente s'endormait la bouche légèrement entrouverte, ne cesse que pour laisser entrer tous les non-dits que son professeur défunt souhaitait lui faire parvenir du monde meilleur duquel il veillait sur elle.
Il ne lui restait qu'une image de lui. Un souvenir qui montrait à ses yeux un homme à la chevelure d'un rouge intense mais dont les racines sombres lui étaient perceptibles, un début de calvitie creusant ce champ rouge et parfumé par les fleurs qu'arboraient nombreux rochers et sources du désert, quand ceux-ci les voyageurs les trouvaient. Une barbe de deux jours piquait sa peau brunie par le soleil sur les contours de son menton autoritaire et sous son nez scarifié lors d'un précédent combat dont Mana n'avait malheureusement pas connaissance du récit. Son maitre n'était pas plus grand qu'un autre homme, il n'était pas non plus l'un des plus puissant. C'était son maitre, c'est tout. Celui qui possédait sa tutelle et qui avait fait d'elle la kunoichi qu'elle était à ce jour.
Il l'avait forgée, avait sacrifié les quatre dernières années qui lui restaient à vivre à l'entrainer, et voilà comment elle le remerciait. En tombant aussi maladroitement.
Aki-sensei…
"Pas trop de casse ?"
L'atmosphère lourde du désert s'évapora soudain, le sable se dérobant de sous son corps incessamment allongé sur la terre dure et poussiéreuse des contrées avoisinantes de Kumo. Une faible éclaircie finit de réveiller son âme profondément endormie dans les affres du passé, une silhouette élancée remplaça celle de celui qui lui avait tout appris. La femme qu'elle s'apprêtait à aborder quelques minutes plus tôt… A présent, l'adolescente fut de nouveau complètement consciente de sa situation.
Le sourire de la femme qui se présentait à elle inspirait tant de compassion que celle-ci lui parut tout simplement écœurante. La compassion, la pitié… Toutes ces choses qui vous serrent le cœur et qui vous manipulent telles de vulgaires marionnettes de chair, Mana les haïssait comme la plus effroyable des maladies du monde. La peste. Néanmoins, en y regardant de plus près, la jeune femme perçut toute la bonne volonté, ce rire qui restait coincé dans le fond de sa gorge, et elle ne put la considérer en mal. Ses yeux gris lui inspiraient tant de bonté. Et si cela n'était le cas, si cette femme ne ressentait que parfaite antipathie envers elle, alors elle était une comédienne remarquable et Mana l'admirerait d'autant plus pour cela. Tant de personnalités différentes qui bataillaient dans un même corps, et tout cela se déroulait dans son regard. Oui, cette femme était inspirante.
Un bruit étouffé, la réception d'un objet sortit l'adolescente de son observation minutieuse, n'ayant terminé de parcourir la peau blanche de son vis-à-vis, que la main de ce dernier fut sujet de toute attention. La garde de son katana lui fut présentée, d'un geste qui ne lui parut pour le moins dangereux, la femme souriait toujours.
"Une arme qui se détache aussi facilement de sa ceinture est une mauvaise chose… C'est un coup à se faire tuer bêtement à cause d'une maladresse."
Mana avait conscience de la justesse de ses mots. S'il avait s'agi d'un ennemi, que serait-elle advenue ? Le ciel aurait été plafond d'un nouveau théâtre dédié à la violence et au meurtre, nul doute ! Sa situation ne lui aurait pas permis de prendre le dessus, ou même d'égaler un quelque adversaire, corps à terre, arme en possession de la main de l'ennemi.
La maladresse est un vil ennemi, au même ordre que la distraction… Chacun, qui soit-il et quelle force détient-il, doit s'en méfier. A moins qu'il n'attache grande valeur à sa vie.
D'une voix tout aussi calme que lors de ses précédents dits, l'inconnue continua.
"Je suis Kaleïs Kalinko, Raïkage. Enchantée."
A la prononciation de ces mots, il lui parut que ceux-ci ne fussent dans le bon ordre. Raïkage ? Le dirigeant du village de Kumo ? Cette femme détenait un tel grade et daignait l'aborder, elle simple chuunin de Suna. Mana considérait les personnes d'un rang aussi haut gradé fort impressionnant, qui sait quels actes eurent-ils accomplis pour l'atteindre ? Elle observa la jeune femme qui affichait un air serein, toujours ce fichu sourire collé aux lèvres et cette attitude décontractée qu'elle enviait tant dans cette période de haine qui la rongeait littéralement. La garde de son sabre la quémandant de bien vouloir reprendre possession d'elle.
Tout en réprimandant le désespoir qu'elle s'insuffla à elle-même, l'adolescente décida de remettre ses pieds là où ils devraient se tenir, fléchissant puis détendant les tendons de ses genoux engourdis par cette trop longue pause à s'encrasser inutilement. Mana dépoussiéra d'un geste déconsidéré les plis de son kimono afin qu'il retrouve son blanc d'antan, mais la terre se montra plus coriace qu'espérée. Timidement, elle empoigna le manche qui l'attendait depuis quelque temps déjà, et rattacha comme il aurait dû l'être le fourreau de son arme à sa ceinture, évitant soigneusement le regard de son interface.
Un remerciement ne serait pas de trop… Je ne suis pas en face de n'importe qui…
Et presque machinalement, les mots suivirent sa pensée.
"Merci. Je… Je m'appelle Mana Geisha, articula péniblement la kunoichi en affrontant les deux pupilles qui l'observaient, je suis chuunin, au village de Suna."
Bientôt ancienne chuunin, pensa-t-elle d'un air songeur.
Dès que la kunoichi détiendrait assez d'informations sur le clan Yakuza et ses membres, elle déserterait son village natal, se détacherait enfin du passé qui lui encombrait les pieds, de ces souvenirs, parfois, trop difficiles à supporter.
Si avec les années, le sable ne parvenait plus à passer le passage de sa bouche, les remords, eux, réussissaient toujours à s'en procurer la clé. Ils lui piquaient encore la bouche, celle qu'elle gardait fermer. Ainsi le sentiment ne se propage et ne cause d'autres picotements plus désagréables à supporter.
Le visage lisse, le visage neutre, Mana observa le silence, baissa les yeux.
"Je suis perdue, avoua-t-elle de but en blanc, et j'ai beau chercher mon chemin, je ne le trouve nulle part."
InvitéInvité
Sujet: Re: Flash-Back: où nous mène parfois la forêt... (PV Kaleïs) Mar 30 Oct 2012 - 18:56
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Sujet: Re: Flash-Back: où nous mène parfois la forêt... (PV Kaleïs) Jeu 1 Nov 2012 - 14:38
Une mise à l'épreuve ?
Indécise, cette femme semblait.
Son interlocutrice ne détenait pas entre les mains les réponses à ses interrogations, au premier abord. Ou bien hésitait-elle à les lui fournir ? Une kunoichi de Suna en voyage, loin de son pays, et seule... Les questions se posent rapidement dans sa situation. Et le rang qu'occupait la femme face à elle n'était pour le moins rassurant. Peut-être avait-elle deviné son plan ? Après tout, elle n'aurait pas été la première à déserter ses terres de patrie pour accomplir une vengeance quelle qu'elle soit. Elle ne serait donc la première future déserteuse que la Raikage croise sur sa route...
Non. Sa situation actuelle n'était pas rassurante.
Peut-être pesait-elle le pour et le contre ? La tuer ou non. Un dilemme auquel tout homme se confronte avant d'enlever la vie d'un autre.
Ces minutes de silence lui furent, progressivement, insupportables. Mana se remettait en question, se demandait ce que Kaleïs Kalinko voyait en face d'elle. Une simple kunoichi en voyage, en soif de découverte ? Elle n'y ressemblait nullement. Une espionne du village de Suna dans la prévision d'une nouvelle bataille ? Elle se serait, dans ce cas-ci, mieux préparée et n'aurait pas été contrainte de demander son chemin.
Qui se tenait en face de la Raikage par les yeux de cette dernière, dans ce cas ?
A l'exemple de la lune qui chute imperceptiblement vers le sol à la fin de la nuit, les orbes grises qui comblaient les draps blancs des yeux de son interface daignèrent enfin la regarder. Son interlocutrice émergeait apparemment de ses songes, la réponse à toutes les questions que l'adolescente se posait au bord des lèvres.
"Tu es perdue, c'est vrai, mais je ne suis pas sûre que t'indiquer le chemin du village te permettra de te retrouver… Car tu es désorientée, et ce n'est pas ton corps, qui l'est, mais plutôt ton âme."
A qui veut-elle faire avaler ce discours que je définirais de… pompeux ? J'ai la nette impression d'entendre le grand-père qui vit à deux maisons de chez moi… à moins que son physique mente sur son âge… ou bien est-ce le genre de tirades que tout Kage se doit de connaitre ? Pourquoi rit-elle…?
L'ensemble de ses dires ne représentaient donc qu'une… plaisanterie ? Mana cernait de moins en moins cette femme d'une complexité indéniable suite au peu de temps pourtant qu'elles se connaissaient. Cette dernière secoua légèrement la tête de droite à gauche, l'adolescente l'observa, considérablement intriguée par son comportement. Sa prochaine tirade ne fit qu'accroitre sa curiosité, si ce n'est en plus semer confusion dans l'esprit de la jeune fille qui l'écoutait d'une oreille attentive.
"Désolée, parfois je fais des conclusions hâtives et te juger aussi rapidement n'est pas digne du poste que je suis censée occuper." l'alignement de ces mots lui rappelait étrangement ceux du précédent Kazekage. Lors de son recrutement, Mana n'avait que sept ans, alors elle ne se souvenait de rien de plus. "Seulement, sache que dans ce monde, le noir se dissimule sous la couleur et seule la puissance nous permet de nous en sortir, malheureusement…" une métaphore qui réussit à rendre perplexe la chuunin du pays du vent. Une leçon qui substituait les différentes forces de ce monde à des couleurs. Drôle d'idée. La conclusion de ses mots serait donc que le mal se dissimule toujours sous le bonheur ? Et que seule la puissance puisse nous en puiser ? Mana n'était pas certaine d'avoir tout compris. "Et tu en as les capacités, je ne suis pas voyante mais je le sens, ton aura le dégage sous ces efflues de nostalgie qui t'entourent" elle ? Capable de se sortir du mal de ce monde ? Cette femme ne la connaissait nullement. Tous les maux qui, un jour, l'eurent heurtée, l'adolescente se refusait de les ignorer, alors elle les conservait, sur son corps des traces, dans son esprit des résonnances incessantes. Pourquoi ne pas les oublier ? Car les maux endurcissent, car les maux forgent, car il en faut bien pour grandir.
La nostalgie, par contre, l'enveloppait effectivement d'une couche épaisse. Trop épaisse que pour être fendue. Rien ne pourrait en ressurgir. Pas même un sourire…
"Néanmoins, tu es loin du niveau que tu pourrais atteindre, c'est dommage." son maitre le lui avait répété tant de fois que ces mots sonnèrent comme un refrain mélodieux à ses oreilles. Même certaines insultes, parfois, se transforment en banalités. Une banalité horrible, doit-on avouer. "Je suis en tout cas ravie de voir que la nation de Suna abrite d'aussi intéressants potentiels." Et ce fut sur ces dernières paroles, que Mana réalisa qu'elle avait lâché le bout du fil…
"Et toi, là !"
Telle la proie qui pressent le danger, Mana détourna la tête et ce que ses yeux lui montrèrent lui fit aussitôt regretter son geste. Trois hommes. Des bandits ? Leurs armes mal entretenues et leurs tenues dans ce même état pitoyable l'encourageaient dans cette voie. Le vocabulaire de l'un porta atteinte à l'estime que l'adolescente osait porter du monde qui l'entourait. Elle était encore à se demander pour quelles raisons des individus aussi peu civilisés se prétendaient encore supérieurs aux autres, ou même où ils puisaient l'audace de s'afficher dans de tels accoutrements. Un bovin aurait été plus courtois et bien mieux élevé que ce monsieur qui pointait grossièrement du doigt la femme se tenant à ses côtés. Et cette dernière parvenait encore à faire preuve de politesse… A sa place, Mana n'aurait tout simplement pas répondu.
Le bandit parla d'un frère dans le coma, accusa la Raikage d'un acte que la chuunin n'eut l'occasion de connaitre, à faute de ne pas recevoir d'explications ni de l'homme, ni de celle debout à ses côtés. Cette dernière se fichait visiblement de toutes les injures dont le bandit lui faisait cadeau, haussant les épaules comme si ce spectacle n'était que routine. L'était-ce certainement. Elle se décala légèrement en sa direction, souriant du regard, l'amusement visible et frémissant le long de ses lèvres.
Le rire est signification de joie. La joie est un sentiment qui nous fait rayonner. Dois-je en déduire que la bêtise de ces hommes la rend heureuse ?
Kaleïs lui indiqua les trois hommes qui brandissaient des épées en plutôt mauvais état, en vue des multiples marques de rouille qui les décoraient. Et ceux-ci les considèrent comme les plus beaux des trophées… les hommes ne savent plus comment se valoriser…
"Malheureusement, même dans ma nation, il y a des mauvaises herbes." Comme partout ailleurs, ne put s'empêcher de penser la jeune femme qui, pourtant, n'avait encore quasiment rien vu du grand monde mais dont les propos restaient justifiés. "Nous autres, kunoichis, devons faire face à ces absurdités débordantes d'une virilité imaginaire afin de nous faire respecter." Un fait affreusement réel. Bien que l'adolescente ne daignait reconnaitre le machisme du monde actuel, celui-ci n'en restait pas pour le moins vrai. Elles autres, kunoichis, étaient condamnées à vivre en compagnie de ces animaux dont seule la supériorité en taille suffisait à flatter leur égo. L'homme est peut-être né pour régner, mais la femme, elle, est alors là pour le faire tomber.
"Nous sommes les grandes jardinières de ce monde..." une autre étrange comparaison. Mais autant comparer ces brigands à de mauvaises plantes, autant valait-il mieux se représenter en tant que jardinières.
"Te sens-tu d'avoir la main verte ? Il n'y a qu'en arrachant les mauvaises plantes que l'on peut épanouir nos compétences…"
Mana fut surprise par sa question. Souhaitait-elle qu'elle s'occupe de ces bandits avec lesquels elle n'entretenait proprement dit aucun rapport ? La jeune femme observa son interlocutrice d'un air dubitatif. Ils en avaient après cette dernière, et non après elle. Elle ne tirerait aucune satisfaction du mal qu'elle causerait à ces parfaits inconnus. De plus, ils ne représentaient aucun danger à ses yeux, Mana pourrait très bien partir maintenant, ils ne la poursuivraient pas.
Et si Kaleïs le souhaitait, elle se chargerait de leur cas elle-même. Elle ne ressemblait pas à ces personnes avides de pouvoir qui n'aimaient pas se salir les mains elles-mêmes. Mais les apparences trompaient, la voyageuse ne l'oublierait pas de si tôt, et tous sur cette nouvelle aire de bataille représentaient des ennemis potentiels. Y compris cette femme qui lui avait pourtant rendu son arme.
Serait-il question d'une mise à l'épreuve ? Sûrement veut-elle s'assurer de mon honnêteté… Je n'ai aucun moyen d'y répondre, c'est très frustrant.
La kunoichi observa l'avancée des trois hommes qui marchaient en leur direction, se voulant menaçant avec leurs épées mal entretenues, mais n'inspirant que pitié et ridicule à celle qui les jaugeait. Leur niveau n'était certainement pas très élevé. L'adolescente poussa un soupir long et las, lançant une œillade à sa voisine, cette dernière ne bougeait toujours pas.
Soit…
Tous les combats ne s'improvisaient pas.
Sa paume tenta un contact avec la garde de son katana. Un frisson lui parcourut aussitôt le bras. Le désir du combat nait d'une arme, vit de l'affrontement, meurt de sa perte. C'est au fil des affrontements, que Mana avait appris cette rengaine, et fidèle à ce refrain, elle dégaina son sabre, engagea sa prochaine course sur une pointe et s'élança en direction des bandits, dont seul le premier eut l'intelligence de s'éloigner. Les deux autres la menacèrent de leurs épées, mais aucune de leurs menaces ne réussit à l'effleurer, tranchant l'air d'une manière dérisoire qui attisait la moquerie croissante de la kunoichi. La bouche de cette dernière devint tout à coup mesquine.
Quels idiots…
Mana plia le coude, la surface lisse de sa lame caressant le tissus fragile de la part de son habit qui recouvrait son épaule gauche, avant d'esquisser un geste vaste. Un geste que son katana retraça. Une lame fine et brillante qui soutira aux deux opposants ce qui leur servait d'armes. Une lame à la coupe si tranchante que l'un d'eux en perdit un doigt. Le malheureux…
Ses ennemis désarmés, l'adolescente n'attacha plus aucune utilité à son sabre qu'elle rangea aussi vite qu'eut duré la rotation qu'elle exécuta afin d'offrir de l'élan au coup de pied qu'elle assena au premier, entrainant ainsi le second dans un impact violent avec l'arbre qui se cachait derrière eux. Son taijutsu ne valait pas celui d'un ninja de son niveau, mais il se révélait d'une puissance nécessaire à l'arrachement des mauvaises pousses qui furent à présent en partie sonnées contre l'écorce sévère contre laquelle elle s'étaient heurtées.
Le repos ne lui fut rendu, le troisième surgit soudain des ombres de la forêt. La surprise soutint l'attaque de l'ennemi qui l'égratigna au visage. Une longue ligne rouge se dessina sur sa joue, une perle de ce liquide si précieux à son être commençant son ascension jusqu'à son menton. Quelle ordure. La kunoichi esquiva le second coup, le premier ayant suffi à la réveiller de son état de distraction passager et la griffe ornant sa peau bronzée lui rappelant qu'elle s'était lamentablement faite blesser. Une fois. Une seconde n'était à prévoir. Sur cette résolution, Mana, la bouche envahie par le goût amer d'une prochaine défaite, s'empara une deuxième fois de son sabre, mais cette fois elle s'en servit comme support pour la technique qu'elle s'écœurait d'utiliser pour un aussi répugnant individu.
"Soyokaze !"
A l'apparition de la lame, une pointe lumineuse brillait sur le sommet. Mais son vis-à-vis n'eut pas l'occasion de l'admirer, par la faute de la bourrasque de vent qui en émana et qui l'amena à reculer et accessoirement à fermer les yeux. Une injure échappa au bandit. La dernière qu'il prononcerait. Une horde d'aiguilles imprégnées de chakkra Fuuton lui transperça la peau. Quand ses paupières s'ouvrirent enfin, son corps tanguait dangereusement vers le sol, son ultime point de repos.
L'expression neutre, Mana toisa le corps où ses armes de jet avaient échoué. Noir de crasse, rouge à cause de l'impureté du sang. A quoi bon récupérer des aiguilles bonnes à jeter, maintenant qu'elles avaient servi au meurtre d'un tel individu ? La kunoichi s'en procurerait d'autres. Le marron rempli de fougue animale de ses prunelles se prit d'attachement ensuite pour les deux bandits qui demeuraient immobiles, sur le seuil de la forêt. Ils avaient apparemment été intimidés. La kunoichi serait étonnée d'apprendre que la crainte qu'ils affichaient provienne d'elle. Mais cela jouait en son avantage et d'une prouesse un peu moins ample que la précédente, l'adolescente articula de vastes gestes des bras, éjectant ainsi multiples aiguilles qui accrochèrent les loques qui habillaient les deux individus qui s'étonnaient de ne pas encore se voir mourir. Les immobiliser lui suffisait. Elle ne ressentait aucun plaisir à voir se salir des armes dont elle avait pris le temps de composer la réserve. Une réserve que certains définissaient d'inépuisable, bien que la jeune femme, elle, connaisse sa limite.
J'ai usé autant de chakkra pour de tels malotrus, constata la jeune femme amèrement en regardant la pointe de sa lame, je ne suis peut-être pas aussi forte que je ne le pensais… Je dois absolument renforcer mon entrainement. Sur cette pensée, Mana rangea le katana en sa possession dans le fourreau accroché à sa ceinture. La lame blanche disparut du regard bienveillant du soleil qui, à son tour, ne tarda pas à s'éclipser. La pénombre perdura, quand l'adolescente se rappela qui se tenait derrière elle...